Hypérion 2, Dan Simmons, un fouillis de la SF
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Hypérion est un roman de science-fiction
Édité chez Robert Laffont
Publié chez Pocket
Dépôt légal juin 1995
273 pages
Vous trouverez la chronique du tome 1 ici
Résumé
C’est la suite directe de Hypérion 1 qui avait laissé en plan le pèlerinage des 7 élus. Ils sont enfin arrivés sur la planète Hypérion. Cette fois, on a le récit personnel de trois nouveaux personnages. Le premier est celui de l’homme accompagné d’un bébé. Son histoire est intime et intense, mais ne fait que très peu progresser l’histoire (les tombeaux du temps et le Gritche). Le deuxième récit est celui de la détective privée et seule femme du périple qui fait peu avancer les choses. La troisième est un enregistrement de navigateurs proches d’un des participants.
La sauce ne prend toujours pas dans Hypérion 2
Fini, terminé, je jette l’éponge.
Pendant les 600 pages des tomes 1 et 2, Dan Simmons agite son méchant Grinch, mais on n’en voit jamais la queue. Pire à la dernière page, il laisse les personnages aux abords du repère du monstre. Pour savoir ce qui se passe, il faudra sans doute vous taper les deux autres volumes intitulés « la chute d’Hypérion ».
Alors, pourquoi avoir séparé les deux premiers tomes puisqu’ils forment la même histoire avec une continuité parfaite ?
Pourquoi avoir changer de nom pour les deux volumes suivants et nous faire croire qu’il s’agissait d’une autre histoire (et donc, que les tomes Hypérion avaient une fin) ?
J’ai perdu une quinzaine d’heures de ma vie pour rien.
Le premier récit
La première histoire est la vie du père d’une archéologue qui a pénétré dans les tombeaux du temps et dont la vie défile à l’envers depuis ce jour. Elle rajeunit. On y apprend les effets des tombeaux au début. Le reste n’a aucun rapport avec l’histoire du Gritche, et le pourquoi du comment de tout ça. L’idée du passage du temps inversé pour l’archéologue qui a pénétré dans le tombeau ajoute sa part de mystère.
Cette partie n’est pas désagréable à lire. Encore une fois, elle aurait fait une très bonne nouvelle indépendante. On a beaucoup de psychologie et des personnages intéressants, mais elle n’apporte absolument rien à l’histoire à part le fait d’être la raison de la participation d’un des pèlerins. Ce qu’on sait assez rapidement.
Le second récit
Le récit de la détective est looooong, mais looooong… hormis un élément à sauver, cette moitié du livre est complètement vide. Son intérêt tient dans un dialogue entre la détective est la présidente du consortium de l’humanité à propos des intelligences artificielles qui débarque comme ça sans prévenir et qu’on ne revoir plus par la suite.
Tout le reste est de la broderie autour d’un personnage IA qui veut devenir humain. La question est intéressante, mais on s’écarte complètement du sujet.
Le troisième récit
Ce n’est même pas l’histoire d’un participant, mais celle de son père dont on se fout complètement qu’il ait fait partie de la résistance contre le consortium. Si vous sautez ce tiers du livre, vous ne perdez rien à l’histoire. Avouez quand même que c’est un problème…
Pire que cela, même les bonnes idées sont noyées dans la mélasse et on a juste envie de passer les chapitres. Cette idée de traducteur pour parler aux dauphins par exemple est amusante. Il y a probablement quelque chose à en faire, mais dans le contexte, pardonnez-moi, c’est chiant.
Quant à la chronologie du récit, pourquoi s’embêter avec ces considérations futiles ?
Sur les deux amoureux, l’homme voyage beaucoup dans l’espace en état cryogénique. Chaque fois qu’ils se voient, la femme a plus vieilli que lui. Dans l’ordre du récit, une fois elle a 26 ans, mais il se rappelle quand elle en avait 16. Après elle en a 77, mais ils ont eu de bons moments quand elle en avait 40. Bref, ça semble être écrit au fur et à mesure que les idées viennent sans aucune finalité ni considération pour le lecteur.
La construction de la science-fiction d’Hypérion
Je n’ai pas relevé les références anachroniques ni les bizarreries servies sur le compte de la SF, mais dites-vous que j’en ai assez des portes distrans, des vaisseaux à effet de spin et des réacteurs Hawking qu’on nous balance à la moindre occasion, sans qu’à aucun moment (après 400 pages) on ait la moindre idée de quoi on parle…
Les anachronismes et le christ intersidéral
Un autre aspect qui m’étonne encore est la présence des religions. Je ne connais pas le rapport qu’entretenait Dan Simmons avec les dogmes, mais je trouve cela étonnant que le niveau de connaissance et la maitrise technologique de l’humanité qu’il décrit laissent une place à Dieu. Il insiste même à plusieurs reprises sur le « nouveau Vatican » et les reproductions des basiliques terriennes. Des sunnites exterminent des chiites. Un colonel musulman mène une guerre sur les paroles du coran et j’en passe et des meilleures. Un vrai fourre-tout sans queue ni tête.
Quand j’imagine l’envoi de populations dans l’espace, étonnamment je ne peux pas m’empêcher d’envisager un groupe d’être sélectionnés pour être compatibles. C’est-à-dire éviter les sujets de désaccords. C’est à dire en tout premier lieu, supprimer les religions de l’équation, dès qu’on parle du futur de l’homme dans l’espace. Chaque fois, j’en reviens à cette conclusion qu’on ne peut pas exporter ces coutumes malsaines en dehors de la planète.
À moins qu’au fin fond du temps et de l’espace l’Homme ait une révélation puissante…
L’effet poupées russes raté
Au fil des pages, vous avez l’impression que des histoires essaient de s’emboiter sans vraiment y arriver. Le carré n’entre pas dans le rond. Un peu plus loin, on vous donne un ovale, mais ça ne marche toujours pas, alors vous laissez les pièces de côté. Le scénario, si on peut appeler ça comme ça, est exactement le même que dans le tome 1. On a très peu progressé dans sa compréhension. Dan Simmons fait du remplissage. À sa place, quitte à me foutre du monde, j’aurais mis 25 pèlerins et j’aurais écrit 12 tomes en passant chaque aspect de leur vie au peigne fin.
Est-ce que je vous conseille Hypérion
Non ! Cette fois, c’en est trop. Hypérion est une arnaque pure et simple. La chute d’Hypérion 1 et la chute d’Hypérion 2 sont sur mon bureau, mais je vais m’empresser de remettre tout ça dans une boite à livre sans aucun regret.
Note : Je m’en suis débarrassé tellement vite que j’ai dû aller chercher les images dans google…