Quand j’avais cinq je m’ai tué, le drame d’un enfant interné
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Quand j’avais 5 ans, je m’ai tué est un drame sous forme de biographie fictionnelle
Roman de Howard Buten
Édité par les éditions du seuil
Dépôt légal avril 1982
176 pages
« Je suis resté assis sur mon lit, très longtemps. Assis comme ça, longtemps, longtemps. J’avais quelque chose de cassé à l’intérieur, je sentais ça dans mon ventre et je savais pas quoi faire. Alors, je m’ai couché par terre. J’ai tendu le doigt avec lequel faut pas montrer et je l’ai appuyé contre ma tête. Et puis j’ai fait poum avec mon pouce et je m’ai tué. »
Un mot sur Howard Buten
Pour plus d’informations, je vous renvoie sur sa page Wikipédia.
Howard Buten est un psychologue spécialiste de l’autisme, écrivain, acteur et clown américain. On peut donc penser que ce livre n’est pas tout à fait sorti de nulle part. C’est peut-être cela qui lui donne sa consistance.
Les 2e et 4e de couverture qui gâche tout
Alors que l’auteur s’acharne à masquer le fond du propos de son livre jusqu’aux dernières pages, dès la première phrase de la 2e de couverture, vous connaissez le dénouement.
Quant à la 4e de couverture, j’en ai rarement vu de plus stupide : « … il y a bien longtemps que je n’avais pas ri ainsi devant les pages d’un livre ! ». D’après Bernard Géniès pour Libération, « quand j’avais 5 ans, je m’ai tué » est un livre humoristique. On parle du récit d’un enfant enfermé en HP pour un motif qu’il ne comprend pas, alors qu’une de ses amies est à l’hôpital. J’aimerais beaucoup que Bernard m’explique à quel moment on doit rire ?! J’aimerais aussi lire sa critique de « Christiane F., 13 ans, droguée prostituée » qu’il a dû, à coup sûr, trouver hilarant.
Résumé
Gil a cinq ans. Gil est enfermé au centre Home d’Enfants les pâquerettes pour ce qu’il a fait à Jessica. Les souvenirs qu’il vous raconte contrastent avec sa vie à la résidence. Jessica est au centre de ses pensées. Le docteur Nevele qui le prend en charge refuse de le considérer comme un enfant qui a commis un acte d’enfant. Rudyard, un soignant qui s’occupe habituellement d’enfants autistes essaie une approche différente pour approcher l’enfant.
Mon analyse de « quand j’avais 5 ans, je m’ai tué »
La vache quelle lourdeur dans ce livre. La quatrième de couverture indiquant des moments de rire pendant la lecture est complètement incompréhensible. Où ? À quel moment on peut rire ? Est-ce que celui qui a écrit ça a au moins lu le livre ? C’est à se le demander. Chaque fois que l’ambiance se détend un peu, il y a un petit quelque chose qui vous claque à une réalité grinçante. Dès les premières lignes, l’atmosphère est plombée.
Tout tourne autour de ce que Gil a fait à Jessica. Pourtant on n’apprendra la vérité que dans les toutes dernières pages. Tout au long du livre on suit la progression psychologique de Gil qui est enfermé et refuse de parler au psychiatre. Des chapitres courts entrecoupés de ses souvenirs d’école avec Jessica et ses copains ou de la vie avec ses parents et son frère. Gil s’invente des histoires. Beaucoup. Est-ce que cela fait de Gil, 8 ans, un criminel ou un malade mental ?
L’écriture
C’est un point qui surprend dans les premières pages. Gil a 8 ans quand il raconte son histoire. C’est par les mots et le phrasé d’un enfant de 8 ans parfaitement interprété que l’auteur nous fait vivre la tragique expérience de Gil. Sa vie à la résidence Home d’Enfants est pleine d’incompréhensions.
Le scénario
On ne peut pas parler de scénario dans ce livre de biographie fictionnelle, mais plutôt d’une tranche de la vie d’un enfant au moment où celle-ci dérape. On a donc une suite de scènes dans lesquelles alternent deux chronologies différentes.
Les personnages
Gilbert est le personnage principal. Tous les autres sont relégués au rang de personnages secondaires servant uniquement à le mettre en scène dans différents cas de figure. Que ce soit les maitresses et ses copains d’école pour le voir interagir avec eux et avoir un aperçu de son comportement et de son caractère, ou les médecins et les autres enfants du centre.
Gil est un enfant turbulent. On ne sait pas ce qu’il a fait d’irréparable pour le mener à la résidence Home d’Enfants les pâquerettes. On sait simplement que Jessica est à l’hôpital et qu’il attend qu’elle lui écrive.
Les lieux
Ils ne sont pas très présents et très peu décrits. Même le centre de soins n’est pas beaucoup décrit. Étrangement, cela ne manque pas, car le lecteur est focalisé sur le comportement de Gil tout au long des pages. Il cherche à comprendre qui il est et ce qui l’a conduit à la résidence Home d’Enfants.
Ce qu’il faut retenir de « quand j’avais 5 ans, je m’ai tué »
Tout d’abord, il n’est à aucun moment humoristique à mon sens. Même les passages plus légers ne servent qu’à mettre en perspective son internement.
Bien entendu, je ne suis pas psy et je n’ai pas de conseils à donner, je vais juste exprimer mon ressenti. Ce drame nous refait vivre une partie de notre enfance, pleine de traumatismes plus ou moins légers comme la confrontation à la mort, le rejet des autres, les premières amours déçues. Et cela nous rappelle la difficulté de la situation. Si vous le lisez avec vos yeux d’adulte, vous le survolerez, mais si vous le lisez en vous plongeant dans l’état d’esprit de ce jeune enfant, peut-être vous rendrez-vous compte de tout le sérieux des situations les plus anodines et toute l’importance qu’elles ont dans la construction de l’enfant. Voilà pourquoi en tant que parent, il faut se rappeler d’y aller avec des pincettes (parfois tenues fermement) et ne pas négliger leurs émotions qui nous semblent disproportionnées.
Est-ce que je vous conseille ce roman ?
C’est une relecture pour moi, alors je vais forcément vous dire oui. « Quand j’avais 5 ans, je m’ai tué » fait partie de ces livres (et de certains films) à l’ambiance lourde qu’on lit parfois la gorge serrée. Je ne peux pas classer ce roman dans la catégorie des lectures réjouissante, mais c’est un livre puissant et plein d’émotions.