L'illusion, Maxime Chattam - 4e
3 étoiles

L'illusion, Maxime Chattam

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L’Illusion, Thriller
publié chez pocket
Écrit en 2020
536 pages

Résumé

L’illusion, c’est l’histoire de travailleurs saisonniers qui sont embauchés par une station de ski pendant l’été pour la maintenance du site entre deux flux de vacanciers. Les pensionnaires font connaissance. Très vite, la mort commence à rôder dans l’hôtel. Le seul voisin, un ancien prestidigitateur, n’inspire pas confiance.

Mon avis sur « L’illusion »

Les références

En principe, une lumière s’allume dans votre esprit et vous vous dites « j’ai déjà vu ça quelque part ». C’est normal. Vous pensez sans doute à Shinning, sauf que dans ce cas, on parle d’un écrivain alcoolique qui entraîne sa famille dans une saison de gardiennage d’un hôtel qui ferme l’hiver. L’auteur fait d’ailleurs une allusion très marquée à ce classique dans le début de son roman. Un gros clin d’œil. Il pousse même la référence à décrire des couloirs aux couleurs années soixante-dix. La comparaison va plus loin puisque chez Stephen King, on a affaire à un huis clos entre trois personnages reclus dans un grand hôtel. Dans « l’illusion », on a Hugo, trentenaire qui s’isole pour se remettre d’une récente rupture et rêve de devenir écrivain (comme dans Shinning). Jina a un penchant pour les médicaments et l’alcool (comme dans Shinning). Hugo imagine des choses qui n’existent pas (comme dans Shinning).

L’histoire

Dans « L’illusion », on suit toute une équipe d’employés qui gèrent les différents aspects de la maintenance d’une grande station de ski. Il y a les anciens qui viennent depuis longtemps et les nouveaux dont Hugo. Alice vient de finir sa période de travail et quitte l’hôtel.
Très vite, Hugo ressent les symptômes de l’isolement. Il se confie à Lilie qui s’occupe des nouveaux. Les deux vivent une idylle troublée par les questions énigmatiques qu’Hugo se pose sans cesse. Alice qui a fini la semaine avant son arrivée a disparu du jour au lendemain la veille de la fin de son contrat sans que cela étonne quiconque. Chacun a même une explication plausible à opposer à ce fait inhabituel.
Hugo aidé par Lilie et Jina se met en tête de comprendre ce qui lui est arrivé et tombe sur des éléments troublants qui ne cessent d’alimenter sa curiosité. Naturellement, l’isolement de la station et le mauvais temps auront raison de tout moyen de communication avec l’extérieur. Il découvre que la station appartient à un ancien maître prestidigitateur qui s’est retiré dans la montagne pour profiter de sa retraite et fuir la célébrité.

Les lieux et les personnages

Les amateurs de thrillers seront ravis. L’ambiance est lourde, mais ne tire pas sur la claustrophobie puisqu’une bonne part de l’action se déroule en dehors de l’hôtel. La maison du vieux retraité est plus qu’étrange. Les arbres autour de sa demeure le sont tout autant. La forêt qui borde la station de ski révèle aussi quelques secrets. Une vieille cave dissimule son lot de surprises.
Vous serez tenus en haleine jusqu’à la fin. Et sans tout divulguer, un certain aspect du dénouement, assez inhabituel, m’a particulièrement ravi. Les personnages sont bien campés sans déborder de détails inintéressants. On a l’impression que ça fait beaucoup de monde au début, mais chacun a sa place et son rôle à jouer.

Une structure problématique

Un petit bémol, tout de même sur la construction du récit. Le livre fait 535 pages dans l’édition que j’ai lu et l’on commence vraiment à plonger dans le sel de l’histoire vers la page 230. C’est long. Surtout à l’heure actuelle où on a l’habitude que tout aille vite et de consommer des séries calibrées pour ne pas nous laisser une minute de repos. Pourtant, je suis plutôt partisan des trames qui prennent leur temps pour se poser et faciliter l’immersion du lecteur.

Une autre chose gênante est l’utilisation des rêves ou des hallucinations d’Hugo. La première fois qu’il voit un monstre, ça arrive assez brutalement sans trop avoir été annoncé. L’effet est réussi et l’on découvre que c’est un fantasme. Les trois fois suivantes, l’effet est épuisé. On n’y croit pas un instant, alors on tourne les pages rapidement pour revenir à la trame principale. Je suis un peu passé à côté de l’effet (probablement) désiré.

Références et de Jeux de rôles

Un aspect qui me plaît beaucoup est le fait de retrouver une part de « Maxime Chattam, le maître du jeu de l’Appel de Cthulhu » dans ce roman. Le magicien est soupçonné d’avoir passé un pacte avec le diable et les plus connus des ouvrages de sorcellerie, « le Marteau des Sorcières » et « Unaussprechliche Kulte » par exemple sont nommés dans le roman. Tout comme le fameux « Nécronomicon », mais ça pour le coup, en tant que fan, je suis moins partisan de galvauder cet ouvrage à la moindre occasion, au risque de lui faire perdre son pouvoir d’évocation. Les moins adeptes de l’environnement Lovecraftien seront tout autant intéressés par l’ambiance lourde et oppressante.

Que retenir de « L’illusion »

Malgré les longueurs et les effets éventés, « l’illusion » est un bon moment de littérature qu’on passe à se demander d’où va surgir le mal et comment va se terminer cette affaire.