
Patient AF, un thriller psychologique dans un asile très spécial
Informations commerciales
Patient AF est une nouvelle du genre thriller psychologique, horrifique.
Écrite par Victor Mouton
Publié aux éditions des Tourments
78 pages
Résumé de Patient AF
L’asile « Alfred Fynn » était initialement tenu par des sœurs. Leur méthode qui consistait à remettre les patients entre les mains de Dieu ne faisait pas l’unanimité de la médecine. Un psychiatre y est affecté pour reprendre les choses en main, mais il semble qu’aucun progrès notable ne soit enregistré. Une jeune psychiatre est envoyée à son tour en inspection. Elle va découvrir un endroit hors norme et oppressant jusqu’à une révélation finale étourdissante.
L’édition des Tourments
Je ne vais pas vous mentir, avec ces services presses, je voulais me faire une idée de ce que proposaient les éditions des Tourments. Ce n’était pas tout à fait désintéressé. Et je dois dire que mon avis est assez mitigé, surtout pour 15 € les 78 pages. D’une part, il reste pas mal de tournures pas très élégantes et de fautes :
D’autre part, des scènes sont vraiment très étranges dans leurs successions et pour moi c’est directement un problème éditorial. Je trouve que ce livre manque d’aboutissement. De nombreuses fois, l’auteur nous dit que son personnage est terrifié ou fou de rage, mais on ne sait pas pourquoi. J’aurais aimé qu’il nous le montre et qu’on ressente cette peur et cette rage, plutôt que de nous décrire sa sacoche en cuir qui la suit partout.
Hormis ces détails du texte, j’ai constaté qu’ils n’ont pas créé la fiche du livre sur Babélio, ni livraddict, ni booknode et que la page auteur sur Amazon n’existe pas non plus. Je pensais que c’était la base. Pas non plus de 4e de couverture sur Amazon et un très mauvais résumé qui décoile complètement le twist final…
Au moins la 1e de couverture en noir est blanc fait son effet. Je la trouve très réussie.
Pour d’autres raisons, les éditions des Tourments restent dans mon viseur, mais si par hasard j’étais amené à travailler avec eux, je resterais vigilant sur certains aspects du produit fini.
Mon analyse de Patient AF
Une arrivée de nuit, sous la pluie, dans un asile sordide à la réputation douteuse et aux dirigeants austères. De longues descriptions du lieu et de son ambiance et d’une foule de détails. Cette nouvelle semble cuisinée avec des morceaux de Lovecraft. Ajoutez à cela une pincée de Shutter Island pour l’inspectrice envoyée dans un asile parce qu’il s’y passe des choses étranges et vous obtenez « Patient AF ».
Les lieux
Sans doute le personnage le plus important du livre. En tout cas, celui sur lequel l’auteur passe le plus de temps. Peut-être un peu trop à mon sens. À un moment donné, j’ai cru que l’inspectrice était en fait une agente immobilière qui essayait de me vendre un vieux manoir. Ce point est très subjectif. Je sais que certains lecteurs adorent ça. Moi, ça a vite tendance à me perdre. Pourtant ces descriptions participent indégnablement à la construction de l’ambiance de la nouvelle et pour me contredire, j’apprécie les histoires dans lesquelles les lieux deviennent les personnages principaux d’une histoire.
Les personnages
Ils sont assez peu nombreux pour qu’on en connaisse suffisamment sur chacun. L’inspectrice est jeune et habitée par sa mission ainsi que par un tas d’idées préconçues qui vont être remises en cause. Dès son entrée dans le manoir, elle dévie de sa mission et au lieu de se renseigner sur le fonctionnement hospitalier des lieux, elle en fait une visite historique. Les patients qu’il héberge sont relégués au second plan. Elle a aussi beaucoup de mal à réguler ses émotions.
La jeune sœur très sympathique est la seule source de joie de cet endroit qui cache ceux que le monde veut oublier. La mère supérieure est froide et distante, presque menaçante de passivité. Le psychiatre est le témoin dépassé des cas qui dépassent la science.
Le scénario
C’est le point fort de cette nouvelle. On pardonne donc quelques choix surprenants. L’inspectrice qui commence par visiter la chapelle, puis la cave spécifiquement interdite d’accès. La réaction du psychiatre est également surprenante à certains moments.
Ce scénario n’est pas assez mis en valeur à mon sens. Si nous sommes d’accord pour classer cette nouvelle dans le genre du thriller psychologique d’horreur, elle devrait se focaliser sur les personnages et leur progression vers la folie ou la révélation. Or ici, l’accent est porté sur l’hospice.
Quand l’inspectrice réussit à s’en échapper, les scènes deviennent incompréhensibles. On est dans le flou total entre un rêve hypothétique ou la réalité altérée. Le personnage passe d’un environnement à l’autre sans transition. C’est complètement déroutant. À ce moment-là, si j’avais payé ce livre, j’aurais abandonné et j’aurais lu directement les dernières pages avant de le refermer.
Le deuxième niveau de lecture après la chute
Effectivement, la chute est intéressante. Elle est bien trouvée et le sujet permet pas mal de choses. Il permet d’ailleurs de justifier tout ce que j’ai cité plus haut comme ce qui ressemble à des défauts. Les justifier OK, mais les excuser pas sûr. Que ce soit dans la folie ou dans le rêve (comme dans tout univers fictif d’ailleurs) l’auteur doit préserver un minimum de cohérence dans son incohérence si au bout d’un moment, les scènes ne se tiennent plus, le lecteur décroche. Il peut aussi bien s’attendre à voir des éléphants roses que le père Noël dans la scène suivante. À l’image de cette pensée de l’inspectrice lors de sa visite des patients :
On ne comprend pas son raisonnement ni ce qu’elle signifie au moment de sa lecture. Encore une fois, ce commentaire est subjectif, car, après la fin, on comprend que c’est sans doute une réminiscence de ce que le personnage sait réellement de sa visite et cet effet peut satisfaire certains lecteurs (j’imagine).
Est-ce que je vous conseille Patient AF ?
Pas si vous êtes un lecteur exigent et pointilleux, mais si vous aimez vous laisser emporter dans des univers étranges, voire loufoques, avec des rebondissements de fin qui vous clouent sur place alors vous pouvez y aller les yeux fermés.