Les ruches de M112 - 4e
3 étoiles

Les ruches de M112, la lutte d’une espèce pour sa survie

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Les ruches de M112 est un roman de science-fiction
205 pages
Édité par fleuve noir
Dépôt légal 2e trim 1974

Résumé des ruches de M112

L’agent spatial Dan Seymour et son équipage sont envoyés dans le secteur M112 de la galaxie pour résoudre un problème vital. Les colonies de cette région sont en danger d’extinction. Depuis quelques générations, les hommes sont devenus stériles. D’autre part, le gouvernement est sans nouvelles de la première mission scientifique envoyée dans ce secteur.

Mon avis sur les ruches de M112

Quand on parle de SF, on pense la plupart du temps à des batailles spatiales, ou des enjeux politiques intergalactiques. Ici, on a quelque chose de beaucoup plus intime et difficile à combattre : une guerre bactériologique dans l’espace. À mon avis, le risque d’attaque bactériologique est une des plus grosses peurs actuelles en cas de conflit. On sait que la guerre c’est sale, les armes tuent, mais les attaques chimiques sont vraiment terrifiantes. On n’a qu’à voir le nombre de morts qu’on fait les bombes atomiques de 1945. Et là je ne parle pas des morts sur le coup, dues à l’explosion, mais de celles, beaucoup plus nombreuses, qui ont eu lieu pendant les décennies qui ont suivies, pour cause des effets des radiations. Voyez également ce qu’on a vécu sur la planète avec un simple covid malencontreusement échappé d’un laboratoire. Imaginez si le but avait été de détruire une population…

Dans ce cas de conflit, il ne sert à rien d’avoir un gros fusil ou de gros bras. Il faut de la subtilité et c’est bien ce qui est proposé dans « les ruches de M112 ».

Le scénario

Sans être extrêmement original, le thème de ce scénario n’est pas si courant en SF. La reproduction de l’humanité et la perpétuation de la race à travers l’espace, du point de vue génétique, n’est pas forcément un sujet que l’on retrouve très souvent. C’est déjà un bon point pour ce livre. Ici, les méchants ne sont pas simplement, méchants. Ils sont acculés, dos au mur, et donc extrêmement motivés. La disparition de l’humanité n’est pas un but en soi et c’est peut-être encore pire. Si au moins on pouvait se dire qu’on était suffisamment important pour être détestés et qu’on veut notre mort, en quelque sorte, ce serait flatteur. Ici, faire disparaître les humains est plus un moyen de se débarrasser d’un facteur gênant dans un plan plus grand.

On ne peut s’empêcher de faire un parallèle très net avec l’humanité d’aujourd’hui qui est responsable de l’extinction de nombreuses espèces dans l’indifférence la plus totale. Simplement parce qu’éradiquer des espèces d’oiseaux ou de poissons n’est pas un but, mais un dommage collatéral qu’on qualifie de regrettable, pour faire du politiquement correct. Et encore… le mois dernier, le responsable de l’association sea sheppard qui lutte contre la pêche illégale des baleines (qui est une espèce menacée) a été arrêté et emprisonné. La Norvège et l’Islande pratiquent toujours de la chasse commerciale. Quant au Japon, ils utilisent un fallacieux prétexte scientifique pour les tuer.

Revenons-en aux ruches de M112. Nous sommes bien ici en présence d’une race invasive et expansionniste (un peu comme nous… bon OK, j’arrête) qui ne fait que chercher un lieu où vivre après avoir détruit son habitat (un peu…).

Si la présentation des personnages et le genre nous laissent penser aux histoires dans lesquelles le chef de vaisseau est un beau gosse qui va sauver la femme en détresse dans un happy end de feu d’artifice (je ne sais pas pourquoi je pense à cowboy beebop), autant vous dire que vous vous fourrez le doigt dans l’œil.

Les personnages

Tout d’abord, il faut noter que Dan Seymour et son équipage sont des personnages récurrents de Richard Bessière. On peut suivre leurs différentes aventures au long des romans qui leur sont consacrés et qui peuvent se lire dans l’ordre que l’on veut. Sauf le premier tome, comme d’habitude qui prend le temps de présenter les personnages.

Les Townhas sont des extraterrestres qui ont la particularité de n’avoir que des représentantes femelles de leur race. Elles ont développé, entre autres, la capacité de se reproduire grâce à une astucieuse stratégie d’évolution. Elles réservent beaucoup de surprises au fil du roman et sont le moteur de l’histoire avec quelques bonnes trouvailles pour les mettre en scènes et surprendre le lecteur. Très loin de les soupçonner du problème qui touche les humains au début de l’histoire, on a plus tendance à les plaindre quand on apprend un peu de leur histoire. Petit à petit, les agents spatiaux révèlent leur vraie nature et vont de surprises en surprises.

Les lieux

Ils sont nombreux, mais on ne s’étend pas beaucoup dessus ; uniquement l’essentiel pour avoir le contexte des événements qui s’y déroulent et de mon point de vue, c’est très bien comme ça. Les descriptions sont suffisantes pour laisser la place à quelques trouvailles qui leur donnent leur côté science-fiction.

Le style d’écriture

C’est le point qui pèche dans ce livre. Sans être un drame, mais ça m’a un peu gêné tout au long de la lecture.

L’auteur (ou le traducteur) a la fâcheuse habitude d’utiliser « on » au lieu de « il » ou de « ils » dans sa narration. Or ce « on » n’est pas appelé un pronom indéfini pour rien. Dans le langage courant, il est le plus souvent utilisé à la place de « nous ». Quand le lecteur lit « on rentre dans le vaisseau. », il est automatiquement présent avec l’équipage. Ce détail qui n’en est pas un est vraiment désagréable et m’a sorti de ma lecture à plusieurs reprises.

Conclusion, ne pas utiliser les pronoms indéfinis dans l’écriture sous peine de ne pas savoir de quoi ni de qui on parle.

Est-ce que je vous conseille les ruches de M112 ?

Sans hésiter, c’est un oui. Vous passerez un bon moment avec ces enquêteurs aux prises avec des créatures tentatrices venues du fond de l’espace pour la planifier la fin de l’humanité. Vous aurez un superbe final avec une chute soignée dans les toutes dernières pages. L’auteur nous surprend par le côté impitoyable du dénouement qu’il met en place.