les disparus de blackmore - loevenbruck - 4e
3 étoiles

Les disparus de Blackmore, une enquête policière dans la noirceur d’une ville isolée

Informations commerciales

Les disparus de Blackmore est un roman policier historique et fantastique qui coche tous les codes du genre et qui prend sa source dans le mythe de Cthulhu.
Édité par XO éditions
Publié par Pocket
Dépôt légal 2022
533 pages + 10 pages de biographie de son oncle Pierre + remerciements + bibliographie documentaire

Résumé

Lorraine (criminologue française récemment diplômée) et Edward (détective de l’étrange) enquêtent sur des disparitions qui ont lieu sur l’ile de Blackmore. Leurs recherches vont les conduire à déterrer les secrets les mieux enfouis de l’ile et les confronter à l’horreur de cultistes pervertis.

Mon analyse des disparus de Blackmore

Le scénario

Il est très efficace. La découverte des personnages les rend intéressants et la gestion du « bizarre » est très bien dosée. Il y en a suffisamment pour craindre le pire, mais pas trop pour ne pas tomber dans l’exagération et des situations délirantes ou improbables.

Le mythe de Cthulhu dans la culture celtique

Quand j’ai commencé à comprendre ce détournement de l’utilisation de Cthulhu, mon estomac a fait des nœuds et puis j’y ai réfléchi. Tout d’abord, l’adoration de cette créature est décrite comme bien antérieure au panthéon celtique. Il porte d’ailleurs le nom de Croatoan. Finalement, j’ai trouvé cela intéressant. Dans chaque religion, on retrouve des thèmes communs, comme celui du déluge, alors pourquoi pas celui d’une créature préhumaine qui serait arrivée sur terre pour être vénérée ? Finalement, ça tient la route. Je dirais même que cela élargit la portée du mythe de Cthulhu.

Les personnages

Ils sont très attachants, surtout les deux principaux. Mais tous les personnages secondaires qui gravitent autour sont très bien développés et bénéficient du même traitement. Ainsi, on ne peut pas se fier à la complétude de sa description pour savoir si un personnage va être important ou pas.

Malgré tout, les piques que se lancent sans cesse Lorraine et Edward les font plus ressembler à Tintin et au capitaine Haddock qu’à des investigateurs plongés en pleine résurgence de l’obscurantisme religieux d’anciennes croyances. C’est un point que j’ai trouvé surprenant. C’est amusant au début, mais une fois que j’ai eu cette image, je n’ai pu m’en détacher. La course poursuite à moto, les interrogatoires de témoins, les effractions discrètes chez des suspects et même les quelques scènes dans lesquelles ils font le point sur leur enquête et étalent les avancées qu’ils ont faites dans la journée me faisaient penser à Tintin et Milou. Et ce n’est pas un reproche, car l’enquête est très intéressante et tient parfaitement la route. C’est juste que la structure des disparus de Blackmore me semble assez approchante.

Les lieux

Il n’y a pas de carte de Blackmore dans le livre et pourtant, à la fin vous pourriez le dessiner. Vous connaissez les rues, les bâtiments et leur histoire jusqu’à la moindre pierre érigée. Les descriptions sont très nombreuses et très détaillées.

Le syndrome de la liste

Comme je le prévoyais pour un livre de plus de 500 pages : c’est très long. Ça ne rate jamais. À de rares exceptions, chaque fois qu’un livre dépasse 400 pages, il tire en longueur et souffre de remplissage. Comme si certains auteurs étaient payés au poids. Ici, dès la page 40, je commençais à sauter des paragraphes descriptifs. Quand l’auteur nous dit qu’il y a un rassemblement de motards, il ne se contente pas de citer deux ou trois marques de motos pour l’ambiance, il en cite quatorze et c’est comme ça pour tout. Aussi j’ai complètement passé le chapitre sur la course de moto Hill Climbing complètement inintéressante.

La bibliographie documentaire

Quelle bonne idée ! Par exemple, au moment où Lorraine décide d’acheter une Harley-Davidson, l’auteur nous informe que celle-ci coute l’équivalent de 3 Ford T. Et bien, ce genre d’information n’est pas si facile à obtenir pour l’année 1925.
Je suis également (comme l’Henri Loevenbruck) maitre du Jeu à l’Appel de Cthulhu et j’affectionne la période des années folles, mais il est très compliqué d’obtenir des prix réalistes des objets de la vie courante pour cette époque ainsi que les salaires qui correspondent. Suivant les sources d’information, ces données varient fortement. Certains aspects de la vie courante sont également délicats suivant les régions. Lorsque Edward pénètre par effraction dans un appartement et qu’il allume la lumière, il précise que celui-ci est relié à l’électricité. Ce qui est aujourd’hui un détail sans importance n’est pas du tout anodin ici. Il indique une position statutaire du personnage qui bénéficie de ce luxe. Je vais donc m’empresser de jeter un œil sur les livres mentionnés qui traitent de cet aspect.
Pour le reste, cette bibliographie cite également de nombreux ouvrages sur les techniques policières, les années folles, et les iles de la manche. Une vraie source d’inspiration.

Est-ce que je vous conseille les disparus de Blackmore ?

Bizarrement mon avis a changé au cours de la rédaction de cet article. À chaud, j’aurais hésité à vous recommander les disparus de Blackmore. Pourtant, il a beaucoup de bons côtés. Les enquêteurs vous sont vite très familiers et l’histoire progresse à son rythme. Si vous n’êtes pas rebutés par les pavés et les histoires qui prennent leur temps, allez-y.