le cercle de megiddo - nathalie rheims - 4e
2 étoiles

Le cercle de Megiddo, une fiction archéologique dans les fondements de la bible.

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Le cercle de Megiddo est un roman d’aventures où se mêlent archéologie, religion et astrologie.
Aux éditions Léo Scheer pour le club France Loisir
Dépôt légal juillet 2006
299 pages

Résumé du cercle de Megiddo

Claude et Maya, archéologues, font une découverte surprenante lors de fouilles à Megiddo. Ils découvrent un calendrier astrologique préchristianique. Depuis le début de leurs fouilles, une personne meurt chaque jour et ils reçoivent un message leur indiquant qu’il ne leur reste plus que douze jours (la première fois, puis onze, etc.).
D’autre part, des fondamentalistes s’intéressent à leurs recherches qui pourraient remettre en cause l’histoire des religions. Le contexte de mise en place de la paix dans la région est aussi menacé par des découvertes archéologiques qui remettraient en cause les fondements de la bible, donc l’origine du peuple juif.

Histoire de l’astrologie

Depuis toujours, les hommes ont le regard levé vers le ciel. De là à en tirer des prévisions sur notre vie qui tiennent Dieu à l’écart de notre destin, le pas à franchir est grand. La naissance de l’astrologie a lieu en Mésopotamie il y a presque 5000 ans.

L’astrologie classique (Grecque)

L’astrologie est une construction arbitraire. Elle part d’une observation du parcours du soleil dans le ciel sur une année. Ce « cercle » est divisé en 12 parties égales et pour s’y repérer, ils ont créé des formes avec des groupes d’étoiles appelées constellations. On a donc 12 constellations qui forment le zodiaque.

Cependant, les constellations sont également des constructions arbitraires (rappelons qu’elles reposent sur une observation « plane » du ciel et ne tiennent aucun compte de la proximité des étoiles entre elles) qui n’ont pas tout à fait la même forme dans différentes communautés. Ainsi le serpentaire a les jambes plus ou moins longues ce qui le place ou non sur l’écliptique ajoutant un treizième signe.

L’astrologie récente (Égyptienne)

C’est pour cette raison que l’astrologie moderne indique des durées de déplacement du soleil dans les constellations qui ne sont pas de 30 jours, mais correspondent visuellement à la durée de son trajet à travers les constellations. J’approche cette vision d’une tentative de « scientifisation » d’une croyance païenne. Modifier la forme des constellations et leurs données des durées différentes ne fait pas de l’astrologie une science…

L’astrologie et l’histoire

Si l’astrologie a eu un effet bénéfique incontestable, c’est sur la datation des événements. Certains faits importants étaient référencés grâce à une description précise des étoiles. C’est de cette manière qu’on a pu confirmer, par exemple, la naissance de certains rois ou de faits climatiques marquants. De nos jours, nous savons parfaitement reproduire le ciel d’il y a 5000 ans en tenant compte du mouvement des étoiles et de la précession. Quand l’histoire nous donne les positions relatives des étoiles dans le ciel, la science sait le reproduire et donc indiquer de quelle date il s’agit.

De tous temps des personnes influentes ont consulté les oracles avant de prendre leurs décisions. On pense aux Grecques qui les avaient divinisés, mais F. Mittérand consultait régulièrement une voyante…

L’astrologie et la place de Dieu

On s’approche du sujet de « le cercle de Megiddo ». Dans l’antiquité, il est admis que la position des astres influe sur le comportement des hommes. Chez les Grecques, les médecins se devaient d’apprendre l’astrologie. Naturellement, la religion ne voit pas d’un bon œil tout ce qui empiète sur la prédominance de Dieu. L’église écartera donc sévèrement les pratiquants de cet art (puisque ce n’est pas une science). Dans le pire des cas, pour les religions, Le Dieu unique a créé les étoiles et si elles ont un pouvoir quelconque, c’est à travers lui.

Il y a ici une confrontation. On dirait aujourd’hui une appropriation culturelle. L’astrologie a une antériorité de 3000 ans face à la bible, les panthéons de divinités multiples sont encore plus anciens et les Dieux étaient partout. Derrière les noms des jours de la semaine, et derrière les constellations. Il était donc difficile de les effacer purement et simplement. Comme rien ne peut discuter le pouvoir de Dieu dans le monothéisme, il convient de ridiculiser, discréditer ou détruire les « fausses croyances ». Vous voyez, encore une fois, rien n’a changé depuis 3000 ans. C’est fantastique.

Mon avis sur le cercle de Megiddo

Revenons-en à ce roman. J’ai en horreur un peu tout ce qui concerne la bidulologie (astrologie, numérologie, soin par les pierres, etc.). A contrario, j’adore les intrigues religieuses. Avec le cercle de Megiddo, j’étais donc assis entre deux chaises.

Le scénario

Il est assez cryptique et on ne comprend pas toujours les implications d’événements vers lesquelles l’auteure voudrait nous diriger. Tout part de la découverte d’un calendrier astrologique datant d’avant J.-C. Les découvreurs hésitent à faire part de leur découverte tellement son implication est grande. Sauf que le vrai fond du problème est l’origine de la bible dont le commanditaire serait enterré au centre du calendrier astrologique formé de tombes. Maya mène des recherches sur Josias, le Roi qui aurait commandé l’écriture de la Bible pour rassembler ses fidèles.

« — Ecoutez, professeur, je ne suis pas sûr d’avoir bien compris. Selon lui, vos travaux sur le site de Megiddo apporteraient la preuve que le livre sacré n’est qu’un ouvrage de commande… destiné à justifier des conquêtes militaires. La notion même de peuple juif ne serait ainsi que le fruit d’une fiction. »

Voyez dans cet exemple l’illustration parfaite des démarches intellectuelles des personnes qui restent parfois obscures. Le texte en est truffé et on a du mal à suivre.

Les lieux

Je m’attendais un peu à un livre d’aventure qui sentait bon le sable chaud et de ce côté, j’ai été déçu. L’action se passe dans un temple enterré, dans une ambassade passée sous silence ou dans une église kabbalistique peu décrite. Seuls les passages dans le temple de fouilles sont largement décrits.

Les personnages

Ils sont assez peu nombreux et bien caractérisés avec des rôles bien définis (qui cachent des surprises). Pourtant, il y a un petit quelque chose qui m’a empêché de m’y attacher.

Le style

Une fois n’est pas coutume, j’ai focalisé pendant toute la lecture sur un défaut récurrent du texte.
Il faut savoir que le plus gros du livre est écrit en dialogue. On est donc plongé dans les tourments des personnages.
L’auteure a sans doute voulu éviter la multiplication des incises du type « dit-il », « répond-il », etc. À la place, elle cite presque systématiquement le prénom du personnage à qui celui qui parle s’adresse. Voilà ce que cela donne :

« — mais Claude, il est dans leur camp. Pourquoi nous sauverait-il ?
— Si les Dieux ont décidé notre perte, avec ou sans lui, nous mourrons.
— Claude, ça ne tient pas debout. Pourquoi le sort d’Edward dépendrait-il de nous, alors que c’est lui qui a tout agencé ?
— Mais Maya, ce qu’il désire c’est vous impliquer dans sa vie… »

Personne ne parle comme ça et ça donne un côté vieillot au texte. Sans compter qu’au bout de 50 pages c’est déjà horripilant.
D’autre part, comme le texte est principalement constitué de dialogues, on a du mal à suivre les implications de certaines phrases qui semblent logiques pour l’auteure. Sans les codes du genre et les connaissances appropriées, on a souvent l’impression qu’elle saute du coq à l’âne. Pour les personnages, il semble évident que B découle de A, alors que pour le lecteur, pas du tout. On est même parfois un peu perdu et on se demande où ils veulent en venir. C’est exactement comme écouter deux théologiens discuter de choses obscures. On comprend les mots, mais pas leur implication et encore moins leur portée.

OK, mais l’histoire du cercle de Megiddo

Et bien, il faut s’accrocher. C’est pointu en connaissances astrologiques et en religion mésopotamienne. Il y a beaucoup de références, que je n’ai absolument pas vérifiées, tellement elles sont nombreuses et imbriquées les unes dans les autres. Des hommes (et une femme) se battent contre ce qu’ils croient être une malédiction des Dieux mésopotamiens pour renverser le Dieu unique. Rien que ça.

Le livre en promet beaucoup. Malheureusement, la fin ne remplit pas le contrat d’une grande lutte entre les Dieux, de remise en cause du monothéisme et j’en passe. À la place, on a un soufflet qui retombe, un revenant et une queue de poisson que je n’ai pas comprise.

Est-ce que je vous conseille le cercle de Megiddo ?

Je pense que ce livre plaira aux fans du genre (même si je ne sais pas exactement ce qu’est ce genre), mais il sera hermétique pour tous ceux qui n’aiment pas les histoires de religion, les pseudosciences et les personnes qui se lancent à cœur perdu dans une quête archéologique qui sombre dans le fantastique.