l'exorciste - W. P. Blatty - 4e
5 étoiles

Un des piliers de l’horreur contemporaine

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L’exorciste est un roman d’horreur écrit par Wiliam P. Blatty
Édité par Robert Laffont en 1971
396 pages dans l’édition j’ai lu

Résumé

Chris, actrice, a peu de temps à consacrer à sa fille Regan. Quand celle-ci parle à son ami imaginaire, sa mère est juste intriguée. Quand elle joue avec une planche ouija et que son ami imaginaire commence à prendre trop de place, le comportement de Régan est déjà alarmant. C’est le début de la descente aux enfers pour la pauvre fillette que son entourage voit rapidement prendre le visage du mal.

Mon analyse de l’exorciste

On a ici affaire à un vrai combat du bien contre le mal personnifié. À bien y réfléchir, c’est assez rare. Les ennemis des héros sont souvent des personnages mauvais ou des êtres vils, mais jamais des démons personnifiés. Je parle dans les livres d’horreur contemporains. Il est évident que dans la fantasy, il y a bien d’autres horreurs.

Le scénario [spoiler]

Il est relativement simple, comme je le disais en introduction. Ce n’est pas le scénario d’un livre d’aventure qui se déroule à travers des paysages sur un temps long. Pour autant, il n’est pas simpliste. Le combat qui se déroule à longueur de pages vous tient en haleine. D’abord, celui de la mère qui veut comprendre de quoi souffre sa fille. Ensuite, celui de Regan qui lutte intérieurement contre sa possession et souffre psychologiquement et physiquement de la présence de la chose en elle. L’inspecteur qui lutte contre l’irrationnel pour boucler son enquête et les prêtres qui luttent contre le démon. On est ici beaucoup plus dans l’introspection et la psychologie des personnages que dans l’action pure.

Les cent dernières pages sont d’une grande intensité jusqu’au dénouement brutal.

Les personnages

Tous sont hyper détaillés et travaillés.
J’ai trouvé Chris, la mère, assez détestable. Sa façon de parler aux autres, et son besoin d’avoir un assistant pour chaque chose dont elle a besoin finissaient par vraiment m’agacer. De plus, la « maladie de sa fille » tombe au moment où elle a une grosse opportunité professionnelle. Ce n’est pas au point où elle hésite entre sa fille et son travail, mais à un moment on se pose la question.
Chez le couple de serviteurs, Karl, l’homme, est très intrigant. Il cache des choses étranges qui pourraient le disculper d’un meurtre dont il est temporairement accusé, mais préfère les taire.
L’inspecteur. Mais quel personnage insupportable, à toujours tourner autour du pot et à s’excuser. Lui m’a vraiment exaspéré. Les passages de dialogues qui le concernent sont pénibles, pleins, de digressions, de soupçons et de sous-entendus. Encore une fois, c’est fait exprès. N’empêche que quand on le voit apparaître, on sait qu’on passer un moment pénible.
Regan… Elle a beau être le personnage principal, il y a peu de choses à en dire. Et pour cause, puisqu’elle est relativement transparente au début. Dès qu’elle est possédée, cela change beaucoup et le monstre qu’elle devient est réellement terrifiant.

« Chris se retourna et sursauta en voyant Regan uriner sur le tapis. Tout en regardant fixement l’astronaute, le fillette se mit à psalmodier d’une voix détiombrée :
— Vous allez mourir là-haut. »

« Glissant comme une araignée derrière Sharon, à quatre pattes, mais arquée en arrière, la tête réapparaissant entre les jambes, Reagan dardait frénétiquement sa langue et sifflait comme un serpent. »

Le père Karras est à la fois psychiatre et jésuite. Il vient de perdre sa mère. Il est bouleversé. Ce qui n’arrange pas la crise de foi qu’il traverse. C’est très étrange que le salut de Regan vienne justement d’un homme qui a voué sa vie au christ, mais qui ne croit plus. On ressent parfaitement sa lassitude et sa recherche de Dieu. L’évènement qui le lie à Regan offre ainsi une rédemption aux deux personnages.
Le père Mérrin dégage une telle présence et un tel charisme à travers ses descriptions que même s’il intervient à la fin du livre, c’est peut-être le personnage le plus marquant, hormis Regan pour d’autres raisons.

Les lieux

Il ne sont pas très nombreux puisque rapidement Regan devient le centre de l’attention et elle est attachée à son lit dans sa chambre. Les descriptions servent surtout à montrer les changements d’ambiance du lieu, comme le froid ou les odeurs qui trahissent la présence du démon.

L’exorciste, ça ne fait pas peur

pfff, nan, carrément pas. Ça me fait penser que je ne crois pas vous avoir dit que j’avais un chat épileptique. Je ne sais pas pourquoi, mais il ne fait des crises que la nuit. En général, il dort sur un fauteuil dans la pièce à côté de ma chambre et quand il fait une crise, je l’entends et je me lève immédiatement pour m’assurer qu’il ne se blesse pas (et qu’il ne casse rien comme la fois où il s’est fait tomber un miroir dessus). Et bien cette nuit-là, j’ai bien entendu du bruit et quelque chose tomber. Sauf que j’ai enfoncé la tête dans la couette en me disant que cette nuit le fantôme était vraiment en colère… Sinon, tout va bien. Ce livre n’est absolument pas perturbant.

Lire l’exorciste après avoir vu le film ?

Sans aucun problème. L’exorciste se lit très bien avec les images du film qui en est une adaptation fidèle. Vous avez beau connaître l’histoire et peut-être même vous souvenir de la fin, l’intérêt du livre tient dans la progression de l’horreur et le glissement des personnages de l’incompréhension au doute jusqu’à la résignation devant les faits.