la couleur tombée du ciel - lovecraft - 4e
lovecraft-intégral
3 étoiles

La couleur tombée du ciel en Noir et Blanc

Informations commerciales

La couleur tombée du ciel est une nouvelle d’horreur de HP Lovecraft écrite et publiée en 1927 en Amazing Stories.
23 pages dans l’édition condensée de Robert Laffont.
Gou Tanabe reprend cette histoire dans un manga en noir et blanc de 176 pages.

La traduction du titre

Le titre original est color out of space. Pardonnez-moi d’être pointilleux, mais pour moi, la couleur tombée du ciel tombe complètement à plat. Cela lui donne une touche complètement anodine, comme tout ce qui tombe du ciel habituellement, la pluie, la neige, la grêle. Ici, on a affaire à une chose venue des tréfonds de l’espace. Il faudrait (aurait fallu) que ça en jette un peu plus. Malheureusement, le mal est fait, les habitudes sont prises et pour en changer, c’est commercialement compliqué.

Résumé de la couleur tombée du ciel

Une météorite s’écrase près de la ferme des Gardner. Bientôt, leurs cultures pourrissent inexplicablement. Même la terre semble infectée par un mal qui la ronge. Les habitants la nomment la lande foudroyée. Des scientifiques font des prélèvements sur la météorite et découvrent un matériau complètement inconnu dont les réactions à leurs tests sont déroutantes. Le temps passe. Une faune étrange se propage de manière incontrôlable autour de la ferme. Les animaux n’osent plus s’approcher et c’est au tour des humains d’être contaminés par le mal de la météorite.

Mon avis sur la nouvelle de H. P. Lovecraft

Honnêtement, je ne sais pas quoi en dire. Le problème c’est qu’en 2025, on ne manque pas d’histoires qui tournent autour de mystérieux météorites qui s’écrasent sur terre et qui une fois détruisent la civilisation, une autre donne des pouvoirs à ceux qui le découvrent ou qui révèlent une entité extra-terrestre et je n’arrive pas à me mettre dans le contexte de la parution de cette histoire.

Je peux imaginer qu’en 1927, c’était assez nouveau et effrayant. Pourtant, je ne suis pas convaincu par ce texte.
Comme à son habitude, Lovecraft raconte son histoire à travers le récit qu’une personne en fait à une autre. On a ainsi un récit avec quelques passages de dialogues indirects qui sont, on peut le supposer, plus ou moins exacts. En conséquence, c’est encore une nouvelle sans dialogues. Ce premier point rend déjà le texte assez dense. D’autre part, il a une forme relativement répétitive puisque tout ce qui arrive aux Gardner est raconté par un voisin qui allait les visiter. On a dons la séquence suivante qui revient plusieurs fois : le voisin arrive chez les Gardner. Il constate les changements dans le décor. Les changements chez ses voisins. Il a peur. Il repart. Son cheval est effrayé.
On a effectivement une montée progressive du mal être qui tombe sur les personnages, mais pas sous la forme d’une structure d’une intrigue linéaire.

Pour finir, et ce n’est pas le plus dommage à mon sens. C’est le point commun à tous ces récits qui sont construits de cette manière et il y en a beaucoup chez Lovecraft. Ce sont des récits à postériori. On sait donc que celui qui raconte, quelque soit les dangers en face desquels il va se trouver, va survivre. On sait dans quel état il est dans le futur de l’histoire et souvent on connaît le drame qui a touché les autres protagonistes. Il ne manque que la manière dont cela s’est déroulé. À mon sens, ce procédé revient à se couper du principal ressort dramatique qui consiste à ne pas savoir comment les choses vont tourner.

Mon avis sur le manga de Gou Tanabe

Comme je m’y attendais, la couleur en noir et blanc, ça rend moins bien… Forcément.
C’est d’autant plus dommage que l’auteur nous gratifie d’une page de garde intérieure colorisée en bronze et d’une double page aux couleurs subtiles et magnifiques qui illustrent superbement la couleur tombée du ciel.

la couleur tombée du ciel - lovecraft - intérieur 2

J’espérais une pointe de couleurs à l’intérieur, mais ce n’est pas le cas.
Je dois dire que c’est vraiment la première fois qu’elle manque cruellement et pas seulement pour l’objet principal de la nouvelle. Certaines pages sont inutilement confuses. C’est très surprenant, car d’autres sont réellement magnifiques.

la couleur tombée du ciel - lovecraft - intérieur 1

C’est comme si l’auteur mettait volontairement l’accent sur certaines planches clés de l’histoire et passait plus rapidement sur d’autres, moins nécessaires.

J’en viens à un second point de critique qui est la longueur.
La nouvelle fait donc 23 pages dans mon édition et comme je le disais plus haut, elle a déjà une structure légèrement répétitive. Il n’y avait donc pas besoin de l’étaler sur 176 pages. Si c’est un problème de taille critique d’édition, Ki-oon aurait pu proposer de la coupler avec une autre nouvelle plus courte, plutôt que de rallonger celle-ci.

La couleur tombée du ciel en film

Juste un mot pour parler du film (en couleur) de 2019 avec Nicolas Cage.
Les adaptations de Lovecraft au cinéma ne sont pas suffisamment nombreuses pour les ignorer quand elles existent. Ce film est franchement réussi (encore une fois pour le matériau d’origine). Il retranscrit bien la tension et les phénomènes étranges qui se déroulent.

Que retenir de ce manga de Gou Tanabe d’après Lovecraft ?

La couleur tombée du ciel, n’est pas le meilleur opus de cette suite, mais il faut reconnaître que le matériau d’origine ne s’y prête pas forcément.

Les éditions Ki-oon font un travail magnifique sur cette série et je continuerai à suivre leurs parutions dans cette collection. J’ai lu que beaucoup découvraient Lovecraft avec cette série de manga, et en tant que fan, je ne peux qu’encourager cette initiative proche de l’esprit d’origine.