Essayer de convaincre du surnaturel en réfutant la raison
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“les maisons hantées” est un essai sur le pouvoir de l’âme
écrit en 1923
Résumé de maisons hantées
Pendant 305 pages Camille Flammarion, visiblement très versé dans l’ésotérisme, tente de vous convaincre du pouvoir de l’âme et de sa différenciation avec le corps. Il s’appuie sur des propos que de fidèles rapporteurs lui détaillent. Il réfute la raison aussi facilement qu’il prouve l’inconcevable.
Mon analyse
Le plus important, quand on énonce des faits délirants, est de le faire avec le plus d’assurance possible pour ne laisser aucun doute à votre auditoire. Aujourd’hui, ce livre ne supporte pas la plus minime confrontation à la méthode scientifique.
Je m’attendais à lire un recueil d’horreur avec pour thème principal les maisons hantées. Quelle décéption.
Le sujet du livre
Il est question ici de la dissociation de l’âme (d’un vivant ou d’un mort) et de son pouvoir de communication avec les vivants. Le but est de vous convaincre qu’une âme peut apparaitre à un vivant et communiquer avec lui juste avant, ou au moment, ou après la mort de son corps. La notion de « après » est fluctuante suivant les interférences entre le mort et le récepteur du message. La distance, des évènements extérieurs aléatoires ou la disponibilité et l’écoute du récepteur entrent en jeu.
Je vous assure que j’ai du mal à écrire cet article. Ne croyez surtout pas que j’essaie de me moquer de vous.
La vie est faite de rencontres
Camille Flammrion était un érudit. Son nom est resté dans l’histoire pour ses observations scientifiques. Malheureusement, son chemin de vie le fait croiser Allan Kardek qui lui fait découvrir le monde merveilleux des esprits. C’est quand même pas de bol. Il était promis à un grand avenir et il gâche son talent dans des pseudosciences.
Un prologue facile
Le livre ouvre sur un prologue de 30 pages dans lequel C. Flammarion règle ses comptes avec quelques contradicteurs. À ce moment, il réfute leurs dires par des critiques méprisantes et utilise un subterfuge pour vous faire croire que le tord est à ceux qui nient les esprits alors que la présentation de la preuve est la charge de celui qui prétend que ces esprits existent et non à ceux qui les réfute de prouver leur inexistence. C’est le principe de base de l’argumentation.
Hors C. Flammarion, qui a pourtant un parcours scientifique n’en a que faire. Il réfute les doutes de ses détracteurs en leur opposant « qu’on ne peut pas douter d’un nombre aussi important de faits rapportés » alors que lui se contente de balayer tous les arguments de bon sens en les assimilant à de la simple mauvaise foi.
Autant vous dire que j’ai failli fermer le livre après ces trente pages, mais la suite me paraissait importante pour avoir un avis complet.
Les preuves expérimentales de la survivance
Suite à ce prologue douteux, C. Flammarion enchaine avec une somme de « faits » qui lui ont été rapportés et qu’il raconte avec tous les détails. Ce que C. Flammarion appelle « preuve » est donc uniquement l’accumulation de faits qui lui sont rapportés. À aucun moment, il ne soumet ses manifestations à une quelconque méthode scientifique de détection. Naturellement puisque ce sont des manifestations fugitives qui lui sont rapportées parfois des mois ou des années après qu’ils se sont produits.
Imaginez, j’ai déjà du mal à me rappeler ce que j’ai mangé hier, alors pour savoir de de quoi j’ai rêvé l’année dernière, c’est pas gagné…
Bref, pendant trente nouvelles pages C. Flammarion vous assène ses « preuves » en prenant le soin de vous préciser que la fiabilité des rapporteurs ne peut absolument pas être mise en doute. Soit ce sont des personnages au-dessus de tout soupçon, soit il y avait des témoins.
Rappelons que dans les années vingt, période à laquelle a été écrit ce livre, le spiritisme était une vraie mode. Il n’y avait pas de bonne soirée mondaine qui ne se propose de faire tourner les tables ou prédire l’avenir des convives. Rappelons également que les drogues comme l’héroïne, la cocaïne, la morphine pour tous les blessés de guerre, mais surtout l’opium, sont déjà très présentes dans la société.
Il était bien commode de prendre un junkie défoncé pour un spirite doté de visions extralucides.
Les Maisons hantées
Suite à cette avalanche de « preuves », C. Flammarion enchaine sur bon nombre de phénomènes indiscutables qu’il relate d’après les plus de 5000 témoignages qu’il a recueillis pour son « étude ». Les rapports sont entrecoupés de passages dans lesquels il appuie la vérité selon laquelle les esprits ont bien le pouvoir d’apparaitre aux vivants. Ils le font pour les mettre en garde autant que pour leur dire au revoir ou pour n’importe quelle autre raison qui leur passe par la tête.
Les fausses Maisons hantées
Naturellement, C. Flammarion n’est pas sot. Pour rendre ses faits réels plus réels, il doit les confronter à des impostures. Si toutes les manifestations étaient, vraies, le doute pourrait émerger dans l’esprit du lecteur, alors qu’ici, point de doute puisque C. Flammarion a déjà trié le bon grain de l’ivraie pour vous. C’est bien la preuve que ce qui est vrai est vrai.
Désolé, j’ai dû vraiment du mal à garder mon calme.
Pire, dans son épilogue l’auteur écrit : « On ne doit admettre que ce qui est démontrer, n’être ni crédule, ni incrédule, étudier sans préjugés… ».
Mais alors Camille, pourquoi tout ça ? Ca ne s’applique qu’aux autres l’hygiène mentale ?
Est-ce que je vous conseille les maisons hantées de Camille Flammarion
Non, même si vous êtes fan de toutes les émissions de fantôme des chaines Discovery, planète+ et je ne sais quelle autre, passez votre chemin. Cet essai de 1923 aurait dû rester confidentiel. Au pire, cela aurait pu continuer à être un échange épistolaire comme il l’était à l’origine. Cela aurait au moins évité à son auteur de se ridiculiser.