peggy sue et le jour du chien bleu - serges brussolo - 4e
2 étoiles

Peggy Sue et le jour du chien bleu fait entrer la jeunesse dans le fantastique

Informations commerciales

Peggy Sue et les fantômes est une série de romans fantastiques écrits par Serges Brussolo à destination de la jeunesse.
Édité par Plon et publié par Pocket Junior
280 pages

Résumé de Peggy Sue et le jour du chien bleu

Peggy Sue est une jeune fille différente. Lorsqu’elle était petite, une femme venue de l’espace lui a expliqué qu’elle avait été choisie pour s’opposer aux invisibles. Elle serait la seule à les voir, ils ne pourraient pas la tuer directement et ses yeux auraient le pouvoir de leur faire du mal.
Depuis, Peggy Sue vit dans un monde peuplé de créatures invisibles aux autres qui passent leur temps à créer le chaos sur terre et à nuire aux humains pour s’amuser.
Au-dessus du village de Point Bluff, un soleil bleu apparaît qui rend les gens et les animaux temporairement plus intelligents jusqu’à ce que la folie s’empare d’eux.

Mon analyse de Peggy Sue et le jour du chien bleu

Je n’ai pas vraiment l’habitude de ces lectures et j’ai été plutôt surpris. Même s’il n’y a pas de sang ou de torture, les morts et les conflits sont très présents.

Le scénario

Attention Spoiler
Le principe de départ est très intéressant. Le fait que ce soit une jeune fille qui dispose de ce pouvoir rend les choses plus difficiles pour elle, car comme elle le dit : « les adultes n’écoutent pas les enfants ». Elle est donc le plus souvent cantonnée à un rôle d’observatrice que d’actrice. D’autre part, elle est sans cesse harcelée par les invisibles qui n’aiment pas être observés et lui proposent même de la rendre aveugle.
On a d’un côté des invisibles omnipotents qui manipulent le monde à leur guise et de l’autre des humains qui subissent tous leurs caprices de jeux sans se douter de leur existence. Au milieu, Peggy Sue est leur souffre-douleur impuissante et on se demande comment l’histoire pourrait tourner en sa faveur.

La tension monte d’un cran quand sa mère la fait déménager à Point Bluff, après qu’elle se soit fait renvoyer du collège à cause des invisibles. Un soleil bleu apparaît au-dessus de ce village. Il rend les gens qui s’exposent intelligents, mais ils ont tout oublié le lendemain. Le contrecoup est terrible et les humains décident de vivre la nuit pour se protéger. Les animaux continuent de vivre le jour et deviennent intelligents. Si bien qu’ils veulent dominer les humains et les rendre serviles.

Jusque là, on est dans du fantastique « sympatique ».

Le dénouement

J’ai trouvé surprenant la construction de la fin. On dirait les joueurs de mes parties de JDR. Au milieu de l’intrigue, les méchants suggèrent à Peggy Sue un moyen de détruire le soleil bleu et de rompre le charme qui les accable. La seconde moitié du livre, les héros vont faire n’importe quoi pour passer le temps avant d’appliquer le super plan qu’ils avaient dès le début. Je vous assure, quand on lit, c’est agaçant. Toutes les deux pages, on a envie de leur dire : « mais non, pourquoi tu fais ça ? Tente plutôt de réaliser ce que l’autre t’a dit, tu auras plus de chances. »

La rupture de la suspension volontaire d’incrédulité

Toujours cette fameuse suspension volontaire d’incrédulité. C’est le fil de la lame sur laquelle écrit l’auteur de fantastique pour que son lecteur croie à son univers au fil des pages.
Bien sûr, il n’y a, à priori, pas de créatures invisibles qui peuplent la terre. Bien sûr, un chien ne peut pas devenir un grand maitre des échecs et les vaches ne communiquent pas par télépathie, mais quand c’est amené doucement, et avec une certaine cohérence du récit, le lecteur baisse la garde et accepte de jouer le jeu… jusqu’à un certain point.

Tout d’abord, dans Peggy Sue et le jour du chien bleu, les humains qui s’exposent au soleil bleu deviennent intelligents, mais oublient tout pendant la nuit et se réveillent plus idiots le lendemain. Or, les animaux sont continuellement plus intelligents. Ils n’oublient pas. Pourquoi ?

Les animaux refusent aux hommes le droit de les utiliser et de les manger. Ils leur font donc enterrer toutes les réserves de viande et tous les objets en cuir. C’est ainsi qu’en se baladant, Peggy Sue entend des plaintes. Elle libère d’un trou un canapé et d’autres meubles et chaussures en cuir devenus vivants. Ce phénomène arrive pile à la moitié du livre et pour moi, ça a été compliqué de continuer ce livre.

J’ai essayé de me replacer dans le contexte d’un livre pour enfants ou ados, et même là, je me demande si ce n’est pas allé trop loin. La première moitié du livre est clairement orientée sur du fantastique pur avec presque une petite touche d’horreur. Les canapés qui se rebellent et les chaussures qui vadrouillent seules, c’est complètement en décalage. C’est trop. Quand Peggy Sue cherche un enclos pour mettre ces peaux de vaches sur des objets en bois, on passe complètement dans le ridicule. Ç’aurait pu être humoristique si le livre avait eu cette tendance dès le début, mais ici, c’est trop incongru. Une fois qu’on a décroché, les autres détails étranges sur lesquels la suspension volontaire d’incrédulité vous a fait passer vous interpellent. On commence à s’étonner qu’aucun village aux alentours ne s’inquiète de l’isolement de Point Bluff. Les habitants n’ont aucune famille ailleurs qui pourraient s’étonner de leur étrange silence ? Les fournisseurs ne travaillent plus avec les commerces ? Les employeurs des habitants ne donnent pas l’alerte ? Bref, une fois que le lien est rompu, on voit toutes les ficelles apparaître.

Est-ce que je vous conseille Peggy Sue et le jour du chien bleu ?

Si vous avez moins de 13 ans, oui, peut-être. Sinon, je ne suis pas sûr que vous pouviez y trouver un quelconque intérêt.