

Le telling ou l’art d’en étaler quand on n’a rien à dire
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Telling est un essai sur l’art d’écrire pour ne rien dire de François Taillandier
Publié en 2007 par Gallimard
276 pages
Résumé de telling
Désolé, mais je serais bien incapable de vous faire le résumé de ce livre tellement il se disperse dans ses personnages et son propos. L’éditeur n’a pas dû réussir à en écrire un puisque la 4e de couverture ne contient qu’une citation d’un passage inconsistant du livre et un paragraphe sur l’auteur.
La couverture
Je trouve cette couverture carrément géniale et complètement horrifique. Elle a quelque chose de terriblement effrayant et difficile à exprimer qui se cache derrière cette scène vivante de personnages de plastique. On la doit à Bernard Faucon de l’agence « Vu » et c’est l’élément déclencheur qui m’a fait saisir ce livre parmi tous les autres dans la boite près de chez moi.
Comme souvent, je n’ai pas lu la 4e de couverture pour ne pas avoir de préjugé autre que cette image et je dois dire qu’elle avait suscité tellement d’attente de ma part que la déception n’a été que plus grande à la découverte du texte.
Les enseignements de Telling
Numéro 1, les boites à livres ne sont pas toujours de bons conseils. C’est pratique parce que cela permet de lire des choses très différentes un peu au hasard, mais des fois, vous tombez complètement à côté de vos goûts.
Numéro 2, on ne juge pas un livre à sa couverture. Cet axiome n’a jamais été aussi vrai que pour ce livre. C’est ce qui m’a attiré en premier et je dois dire que je la trouve assez géniale. J’ai été conquis quand j’ai tourné le livre. La 4e de couverture vendait du rêve. Quelle déception de constater que le contenu n’avait rien à voir avec l’emballage…
Numéro 3, on ne peut pas faire confiance à la garantie éditoriale. En effet, un éditeur est un chef d’entreprise. Il vend tout ce qui peut se vendre. Si demain, Marc Levy décide de publier sa liste de courses, elle sera publiée sans aucun problème avec une magnifique manchette « le nouveau bestseller de MARC LEVY » écrit en gros pour vous faire oublier que vous achetez une liste de courses.
Mon analyse de Telling
Chapitre 1 : Nicolas analyse longuement sa relation amoureuse et sexuelle avec sa cousine qui le trompe régulièrement et lui explique qui étaient ses autres amants…
Je m’ennuie copieusement pendant 29 pages, mais je me dis que la mise en place va être un peu longue avant qu’il se passe un petit quelque chose.
Chapitre 2 : On passe à Alexa qui parle beaucoup trop pour raconter sa vie inintéressante. Daniel n’ose pas la contredire, sauf pour lui parler de telling…
OK, donc là c’est un fait, on se fait chier depuis maintenant 55 pages et il n’y a même plus de fil conducteur.
Chapitre 3 : Mamy Margaret décide de créer un site internet pour rester dans son temps. Son petit fils l’aide et ne vous cache aucun aspect de ce site familial dont on se fout royalement…
Page 80, je jette l’éponge. Je regarde le livre pour m’assurer qu’il n’y a pas eu un problème à l’impression avec un livre qui se serait caché dans la couverture d’un autre, mais cela ne semble pas être le cas.
Le syndrome de la liste
Et encore une fois cette fatalité qui frappe certains auteurs comme une maladie contagieuse. À croire qu’ils sont vraiment payés au poids, qu’ils se sentent obligés de faire du remplissage et d’appeler ça une figure de style au lieu d’appeler les choses par leur nom, à savoir le mépris du lecteur pour rester poli.
Ça continue comme ça sur les deux pages suivantes…
Publier quand on est connu
Comme il n’y a rien à dire sur le livre, je vais digresser un peu sur la publication.
François Taillandier a reçu quelques prix littéraires avant Telling. Je vous coupe tout de suite le suspense, je ne vais en lire aucun, mais admettons qu’ils sont au moins corrects. Traitez-moi de rageux ou de jaloux si vous voulez, mais je ne peux pas m’empêcher de penser (encore une fois) que dès qu’on a un nom qui vend, on peut écrire n’importe quoi et le vendre aussi. Plus besoin de faire d’effort, la clientèle est conquise d’avance. Si on ajoute la force de frappe en marketing et publicité de Gallimard, c’est un succès assuré.
Et c’est vraiment triste.
Alors, oui, je sais, d’autres vont y trouver une magnifique critique de la société à travers les parcours de vie de différents personnages, mais enfin, ça n’est pas de la littérature. À aucun moment. J’ai vraiment le sentiment de m’être fait abuser en lisant le début de ce texte. Heureusement qu’il ne m’a pas couté d’argent et qu’il va aussitôt rejoindre la boite à livre d’où il vient.
Qu’est-ce qu’on retient de Telling ?
Rien. Absolument rien et on l’oublie au plus vite pour passer à autre chose.