Chants de la terre lointaine - dos
3 étoiles

Chants de la terre lointaine, Arthur C. Clarke

​Infos commerciales

Chants de la terre lointaine, science-fiction
299 pages

dépôt légal avril 1987
Publié par France loisir, édité par Albin Michel

​Résumé de « Chants de la terre lointaine »

Les scientifiques ont déterminé avec précision la mort du soleil. L’humanité dispose de 1500 ans pour préparer sa fuite. Elle entame une décroissance de natalité à marche forcée. Les derniers humains profitent à nouveau d’une abondance de ressources. Ils construisent des vaisseaux semeurs pour coloniser d’autres systèmes solaires.

Un des premiers vaisseaux arrive sur Thalassan une planète principalement composée d’océan. Les humains présents s’y développent en pleine harmonie. Ils ont emporté les archives nécessaires et suffisantes à leur développement. Ils n’ont plus aucun souvenir du concept de dieu ni des sentiments de jalousie ou de possession. Leur président est tiré au sort pour une période donnée. Ils limitent volontairement leur population à ce qui est supportable pour la planète.

Un jour, un vaisseau arrive dans leur atmosphère. Des humains de la dernière génération terrestre en descendent. Eux qui ont connu l’explosion du système solaire terrestre sont fascinés par le mode de vie adopté par les Thalassans. Ils cohabitent pendant deux ans, le temps de réparer leur bouclier et repartir vers leur planète de destination.

​Mon avis sur ce roman

Prospections sur la nature de l’humanité

Il y a beaucoup de fatalité dans cette histoire. Le pire pour moi est qu’il faut un ultimatum à l’humanité pour qu’elle prenne conscience de sa fragilité. Il prend la forme de la prévision formelle de l’explosion du soleil. L’humanité adopte alors un développement durable justement à partir du moment où c’est peine perdue. Prendre la précaution de limiter le nombre d’humains au moment de l’apocalypse est une précaution bien étrange. Le seul espoir réside dans un système de propulsion permettant de raccourcir les temps de voyages dans l’univers et de s’y projeter pour préserver la race humaine sur de nouvelles planètes éloignées.

Les derniers humains sont à peine nostalgiques de la fin du monde à laquelle ils ont assisté. D’un autre côté, ceux qui sont partis les premiers ont eu le temps de s’implanter ailleurs. Ils vivent dans un nouvel Eden sans problème avec beaucoup de discipline. Aucun incident violent n’est à déplorer dans cette société idéale. On se demande même si on parle d’humains et ce qui a pu faire changer la nature humaine aussi radicalement. À aucun moment, on n’explique que l’homme a appris de ces erreurs. Il a juste changé, comme ça, d’un coup.

Personnellement, je n’y crois pas un seul instant. J’ai dans l’idée que si l’humanité est arrivée à ce point de son évolution (et de son autodestruction) c’est que c’est dans sa nature. Si une poignée d’hommes auxquels on aurait vidé le cerveau arrivaient à s’échapper de la terre, il en émergerait assez vite un chef qui souhaiterait imposer sa volonté et se réserver des ressources. Un autre voudrait sa place et créerait un groupe dissident. Un conflit naitrait et ainsi de suite.

S’il arrivait qu’ils réussissent à se développer et à croitre, il leur faudrait un outil de contrôle des masses et ils réinventeraient la crainte d’une puissance supérieure qui les jugerait.

Quelle est la part de l’auteur dans les « Chants de la terre lointaine »

A. C. Clarke était-il un optimiste ? À travers ce roman, on peut se le demander. Aurait-il voulu démontrer qu’en cas de force majeure l’humanité peut changer et se racheter une conduite ? Et si ce cas de force majeure venait à grands pas ? Par exemple quand la terre nous imposera un changement brutal, contre lequel nous n’avons jamais essayé de nous préparer, et que des millions de réfugiés sans terre (au sens littéral) s’imposeront sur le peu de zones habitables restantes, pensez-vous que nous saurons adopter un comportement amical, pacifique et concilient ? Aurons-nous la même sagesse que dans ce roman pour adopter un comportement de développement durable ? J’ai ma réponse, je vous laisse la vôtre.

L’histoire du roman « chants de la terre lointaine »

Ce roman achevé en 1985 a eu une première version sous forme de nouvelle de 12500 mots. Elle a été écrite en 1957 et publiée dans des magazines en 1958 et 1959. En 1979, l’auteur écrit aussi un synopsis de film publié en 1980 dans OMNI magazine. C’est le premier A. C. Clarke que je lis et l’on ressent la touche « science » très présente. Deux pages à la fin sur ses sources sont très bien venues. Il faut que je les confronte à l’épreuve du temps pour voir ce qui en est de ces idées aujourd’hui.

​Aparté sur les boites à livres

À nouveau, j’ai récupéré ce livre dans une boite à livres. Comme vous le voyez sur les images ci-dessous, il contenait une capsule temporelle sous forme d’un flyer de l’office du tourisme de la ville de Paris de 1985. C’est un véritable choc de tourner une page et de tomber sur J. Chirac, maire de Paris. Le décalage avec une lecture qui parle du futur de la terre était assez particulier.

Chants de la terre lointaine - 3

Chants de la terre lointaine - 4

​Que retenir de « chants de la terre lointaine » ?

C’est un livre que j’aurai aimé aimer. Malheureusement, pour moi, j’en suis bien incapable.

J’ai apprécié l’histoire et les personnages. J’ai aussi apprécié que ce roman soit parsemé de faits scientifiques ou de réflexions philosophiques. J’aime moins le message que j’en ai tiré, ou du moins, l’endroit vers lequel j’ai été emmené à travers cette histoire.

Qu’on le prenne dans le sens qu’on veut, soit : l’homme aura un avenir, même si celui-ci n’est pas sur terre, donc la terre on s’en fout, soit : face à une situation grave, l’homme saura toujours s’adapter. On verra quand ça arrivera, donc, pour le moment, on s’en fout. Ou alors, rien de tout ça et c’est juste une innocente histoire de science-fiction sans avertissement et je me fais des nœuds au cerveau pour rien.

Je trouve également qu’il manque d’un souffle épique (sans en faire trop) à une aventure aussi grandiose que la fuite des hommes de leur système solaire.

Je recommande tout de même la lecture de « Chants de la terre lointaine » qui contient beaucoup de très bonnes idées, des bons sentiments et zéro violence.