

Un polar de science-fiction immersif
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Face aux feux du soleil est un roman de science-fiction édité par Flammarion (dans la version publiée par J’ai lu).
305 pages
Sa première publication française date de 1961.
« Face aux feux du soleil » est le quatrième livre du cycle des robots. Je l’ai récupéré par hasard dans une boite à livres et n’ai pas lu les précédents de cette série.
Résumé
Les terriens sont les sous-hommes de la galaxie. Des arriérés qui vivent reclus dans des cités sous-terraines. Les terriens détestent les robots. Pourtant, c’est bien un inspecteur terrien qui est demandé sur Solaris pour enquêter sur un meurtre qui n’aurait jamais dû se produire de par les convenances de cette planète. Les responsables terriens y voient une opportunité inespérée d’espionner les solariens. Ils veulent en tirer le maximum d’informations sur le danger qu’ils représentent pour la terre. Pour couronner le tout, il sera accompagné d’un androïde.
Les règles de vie sont tellement différentes entre la terre et Solaris que l’inspecteur perd toutes ses marques. En tant que terrien il est en plus traité de manière dédaigneuse.
Mon analyse de Face aux feux du soleil
Le titre
En version originale, le titre du roman est « naked sun » qu’on traduirait par « soleil nu ».
Je sais que pendant longtemps les traductions étaient plus ou moins libres, mais à titre personnel je trouve que les traducteurs outrepassaient largement leur fonction en se prenant pour des réécrivains, quitte à dénaturer l’intention littéraire originale.
La différence entre ces deux titres me laisse songeur sur le contenu du roman…
L’œuvre d’un visionnaire
On peut encore une fois dire d’Isaac Asimov qu’en 1961, il frappait juste. Remplacez les « cerveaux positroniques » des robots de son histoire par le terme générique « IA » et vous avez un roman qui traite de préoccupations actuelles. Du moins en ce qui concerne les relations humains/robots.
J’exagère à peine. Regardez d’une part où en sont les travaux des entreprises à la pointe de la technologie et d’autre part la vitesse à laquelle progressent les IA. Je pense qu’on sera bientôt amené à interagir quotidiennement avec cette nouvelle espèce.
L’univers
Dans les cinq premières pages, vous savez où vous avez mis les pieds. Les descriptions sont justes, nécessaires et suffisantes. Baley a peur de l’avion. Les humains vivent confinés et ne sont plus autorisés à quitter la terre. L’espace est conquis par les premiers hommes qui s’y sont aventurés et se sont séparés de leur espèce originelle. Tout cela est transmis à travers un simple voyage en avion.
Les personnages
Ici, ils sont très intéressants, car très inhabituels et ont fait l’objet d’un réel travail d’inventivité. Isaac Asimov a inventé une nouvelle société dans laquelle les humains ont colonisé d’autres planètes. Sur l’une d’elles, ils se sont installés à leur aise de manière qu’ils ne se croisent jamais. Ils ont complètement perdu l’habitude d’interagir et de se trouver les uns à côté des autres. La planète comporte vingt mille robots par humain. Ils se chargent absolument de tout. Les humains se réservent l’oisiveté ou les charges importante comme l’étude des robots. Ce décalage entre le terrien et les solariens donne des situations et des scènes tout à fait nouvelles et captivantes.
Le scénario
C’est un bon polar de SF. De par sa mise en condition, il est très novateur. L’enquêteur a peu de moyens d’enquêter. Les témoins sont des robots peu communicatifs. Les proches de la victime le prennent de haut et il n’y a ni preuve ni cadavre (nettoyés avant son arrivée).
L’humain interroge, et se fait une idée de ce qui a pu se passer grâce à ses déductions. Mais aussi grâce à son éducation. C’est cela qui fait la différence avec l’enquêteur androïde. A partir des mêmes informations, son objectivité et ses connaissances plus étendues l’amènent à des conclusions tout à fait différentes.
La fin et la morale
Attention, si vous êtes un futur lecteur de « sous les feux du soleil », vous devriez sauter ce paragraphe, dans lequel je vais aborder la fin de cette histoire.
Bailey, l’enquêteur terrien expose ses conclusions à Daneel, l’androïde. Il fait un exposé très convaincant qui détermine le coupable des crimes qui ont été perpétrés. L’androïde a des objections qui s’appuient sur une logique mathématique.
L’enquêteur convoque tous ceux qui ont été mêlés aux crimes et expose les faits méthodiquement. Il entend prouver que l’auteur des crimes a eu le motif, l’opportunité et les moyens matériels de tuer. Ce sont les trois éléments essentiels qui déterminent un coupable. Et le fait est qu’il y parvient. Il fait accuser un chercheur en robotique qui avait des ambitions démesurées de conquête de la galaxie. C’est magnifique, car un terrien vient de prouver sa supériorité face aux solariens et aux robots.
Quand il rend son rapport sur cette enquête à son supérieur celui-ci met le doigt sur un point essentiel qui innocente le coupable. C’est flagrant et j’étais tellement pris par la mise en scène du réquisitoire que je m’en suis voulu de ne pas m’en être rendu compte.
C’est dans la scène suivante qui tient tout le sel de ce roman et la satisfaction qu’on en éprouve. L’enquêteur humain s’est tout bonnement assis sur la justice et la morale par la même occasion. En effet, si sa mission première était d’enquêter sur un meurtre, sa mission secrète était de découvrir si les solariens étaient une menace pour les terriens. Quand l’enquêteur a découvert ce que tramait le chercheur en robotique, il a décidé d’en faire sa mission principale et de l’éliminer en lui faisant porter le chapeau.
C’est un retournement de situation surprenant, et superbement orchestré au nez et à la barbe des solariens et qui met en échec la logique robotique. Tout simplement fantastique.
Est-ce que je vous conseille face aux feux du soleil
Sans hésiter ! Que vous soyez fan de polar ou de SF, « sous les feux du soleil » est fait pour vous. Une enquête passionnante, des personnages complexes et une fin décapante sont les ingrédients savamment mélangés de ce roman. L’ensemble aboutit à une fin magnifique et jubilatoire.