la bulle cassée - P. K. Dick - 4e
1 étoile

La bulle cassée, Philip K. Dick et la question du genre d'un auteur

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La bulle cassée est une Romance historique écrite en 1956 et publiée seulement en 1988, six ans après la mort de Philip K. Dick.
340 pages
Dépôt légal de l’édition française en 1993
Publié par 10/18

Résumé de la bulle cassée

Jim, disc-jockey, travaille avec Pat, son ex-femme. Un soir où elle est trop saoule pour rentrer, il la conduit chez Art et Rachelle, un très jeune couple qu’il a rencontré quelques jours plus tôt. Les 4 que beaucoup de choses séparent vont se lier d’une manière inattendue.

Le contexte historique

L’histoire se déroule en 1956 et c’est une période de changement. Le rock’n roll apparaît. Il disparaît en 1958, d’après les spécialistes, par la faute des maisons de disque qui l’édulcore pour en faire le commerce. Des radios s’offusquent et en parallèle, la musique noire est interdite, donc reprise par des blancs, dont Elvis Presley, qualifié de jeune chanteur vulgaire et sans talent.

Tout courant de répression engendre un contre-courant. C’est le rôle que vont jouer certaines radios en diffusant du rock qui exprimait les sentiments des jeunes.

La première de couverture

Je me demande bien d’où sort cette photo, qui a eu l’idée de l’utiliser et pourquoi. Je cherche encore le rapport avec le roman. Alors qu’on entend souvent parler des codes marketing de présentation d’un roman, celui-ci passe complètement à côté, sauf peut-être pour ceux qui reconnaitront de très anciennes marques de sodas. Je ne sais pas si le tracé à la craie d’un terrain de football européen a un sens pour un roman américain.

La note de la traductrice de la bulle cassée

Isabelle Delord-Philippe qualifie ce roman de « grand roman rock’n roll ». D’après la traductrice, les incohérences et répétitions qui jalonnent le texte viennent du fait qu’il n’était pas définitif.

Un auteur peut-il écrire dans plusieurs genres

De but en blanc, on aurait tendance à répondre : « bien sûr, qu’est-ce qui l’en empêche ? ». Et pourtant ce n’est pas si simple et ce roman en est l’illustration parfaite en faisaint un grand écart avec les autres de cet auteur.

Un auteur, surtout lorsqu’il commence à être connu, devient une marque et une marque est attachée à un produit dans l’esprit des lecteurs. Tout comme Auchan ne vend pas de Vuiton ou Renault ne vend pas de Rolls-Royce, vous comprenez l’idée. On achète une marque pour ce qu’elle représente et l’idée qu’on a de ses produits. Si elle change son contenu, on est fatalement déçu. Soit la qualité a baissé et cela ne nous convient pas, soit elle a augmenté et le prix ne nous correspond plus. Bref, on est déçu dans tous les cas.

Ici, c’est ce qui se produit. K. Dick écrit de la science-fiction. J’ai choisi ce livre uniquement sur le nom de l’auteur en toute confiance et j’ai été trahi. Je n’aime pas la romance, je ne lis pas de romance et si je veux que cela change, il y a pléthore d’offre pour cela. Ici, on m’a trompé avec une histoire dans laquelle les protagonistes s’aiment, puis ne s’aiment plus et finalement se reaiment. Incapable de les suivre dans leurs tourments, tout ce dont j’ai envie, c’est de les gifler et de leur tirer les cheveux (ne me demandez pas pourquoi).

Alors pour en revenir à la question, je ne voyais pas l’inconvénient d’écrire dans plusieurs genres avant d’être confronté au problème que cela pose. Les problèmes ne sont pas du côté de l’auteur. Je n’ai pas grand-chose à reprocher à ce roman dans son écriture ou ses situations. Le problème c’est le lecteur vis-à-vis de la position commerciale de l’auteur. Ce point m’a fait comprendre pourquoi des auteurs prennent des pseudonymes différents en fonction de ce qu’ils ont envie d’écrire. C’est comme s’ils créaient plusieurs marques pour proposer plusieurs types de produits.

Mon avis sur la bulle cassée

C’est bien la première fois que je me laisse entrainer dans la lecture d’une romance, et sans le savoir… Quelle erreur !

Les 150 premières pages décrivent l’introspection de Jim qui se remet en question. Il refuse l’apparition de la publicité dans son travail (on est en 1956) et est mis à pied un mois. Il en profite pour mettre de l’ordre dans sa vie. Il est toujours très amoureux de son ex-femme alcoolique qui va l’entrainer dans ses déboires et faire des dommages collatéraux.

Les dialogues concernent des personnages qui se tournent autour, hésitent, changent d’avis, recherchent la compassion.
Le déclencheur de l’histoire tient à un vendeur de voitures qui veut faire diffuser ses publicités, mais qui n’aura pas d’autre importance. Tout comme la pseudo organisation de rébellion d’une poignée de jeunes qui souhaitent lutter, on ne sait pas très bien contre quoi ni comment, et je ne parle même pas du congrès des orthophonistes qui est une simple distraction malsaine de la trame principale.

Alors oui, tout cela participe à un tableau homogène d’une certaine Amérique, mais cela n’en fait pas un roman cohérent et intéressant.

Le mot de la fin

Les turpitudes de la vie d’oisiveté des personnages sont complètement inintéressantes.
Reste la photo d’une Amérique des années 50 pour les nostalgiques, mais de là à faire passer les 340 pages, il y a un monde.

D’autre part, si quelqu’un a compris, la toute dernière partie concernant « les mots » et le panneau bleu et blanc, je suis preneur, car c’est complètement obscur pour moi.

Citations

Le responsable de la radio KOIF :

« Le rock est sur le déclin. On a eu droit au numéro de Presley. Dans six mois, personne ne se souviendra de lui. »

Jim dans la grande envolée finale d’un disc-jockey qui compte se battre pour le rock alors que les radios reçoivent des listes de disques interdits. :

« Vous êtes nos ennemis, ont-ils (la police) dit aux jeunes. Nous allons vous tuer, vous anéantir. Et moi je vous dis : si vous prétendez opprimer les jeunes, il vous faudra compter avec moi, parce que je les défendrai et veillerai à ce qu’ils vous survivent. »