3 étoiles

La nuit du renard, Marie Higgins Clark

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La Nuit du Renard, Roman policier
Publié chez Le livre de poche

Résumé

Dans les premières pages, on nous parle d’un meurtre dont le coupable va être exécuté dans la semaine. Ca se déroule aux États-Unis, mais vu l’époque le coupable risquait la même sentence en France, ne l’oublions pas. On découvre également un terroriste qui prépare une bombe à faire exploser dans New York. Ce terroriste va kidnapper le fils et la petite amie d’un type dont la femme a été assassinée deux ans plus tôt et dont le coupable qu’on nous a présenté va payer le prix.

Mon avis sur « La nuit du renard »

Dans la famille, rattrapage de livre « incontournable », je demande Marie Higgins Clark.

Digression sur les boites à livre

Au passage, je salue la très bonne initiative de celui qui a eu l’idée de monter ces boites d’échange de livres qu’on trouve un peu partout (dans la ville où j’habite en tout cas). Il existe les mêmes pour des échanges de graines ou de plantes. L’idée est que chacun vient y déposer ou y récupérer quelque chose. J’y passe régulièrement et chaque fois le contenu y est renouvelé. J’en déduis que ça fonctionne très bien et ça permet de mettre la main, sans nouvel investissement, sur des livres qu’on n’a pas lus. Attention, ce sont toujours des vieilleries. Pour le moment, je n’ai trouvé aucun livre récent.

Parlons de « La nuit du renard »

Comme on s’y attend, nous découvrons que le coupable désigné n’est pas le bon, même si toutes les « preuves » sont contre lui. Tout le roman se déroule sur une période de trois jours, si j’ai bien compté.

Avec la nuit du renard, on a donc un roman ou l’on sait assez vite qui est le coupable. Si son profil est assez bien détaillé, sa motivation est tout à fait passée sous silence. On se dira que c’est un malade. On a aussi un coupable désigné, mais innocent qui va payer pour rien un meurtre. Ce point est extrêmement astucieux, car c’est bien lui qui est la ficelle principale du suspense haletant. Si le coupable est arrêté à temps, le condamné à mort sera innocenté avant la sentence et les kidnappés ne partiront pas en fumée dans l’explosion de la bombe. Je ne sais pas pourquoi, j’ai trouvé que l’histoire du condamné à innocenter prenait largement le pas sur la femme et le fils que le terroriste prévoit de sacrifier avec sa bombe…

Les points de vue dans l’écriture

Il est écrit de bout en bout à la troisième personne et alterne entre les différents points de vue. Le lecteur suit le déroulement des événements du point de vue des différents protagonistes de l’histoire. Sur ce point, je trouve que Marie Higgins Clark n’a pas vraiment trouvé le moyen de ne pas s’emmêler les pinceaux. Ça n’est pas évident, mais disons que ce n’est pas sur ce modèle que je prendrai exemple. On a le point de vue du kidnappeur, des kidnappés, du mari avec le FBI, des voisins, d’une clocharde, de la bonne des voisins et du condamné à mort. Ce qui nous fait sept angles de vues.

Dans un sens c’est assez jouissif, car on voit le déroulement du temps pour toutes ces personnes et comment chacun court après les heures dont il a besoin. Les personnages se croisent. L’autrice dissémine tout au long du roman des pistes que les uns et les autres vont se repasser. Cet aspect est particulièrement travaillé et le lecteur en a pour son argent, il comprend qu’on a pris soin de lui, de la première à la dernière page.

D’un autre côté, on regrette le pendant obligatoire de ce montage. C’est-à-dire les allées retour dans le temps. Je parle des 4 heures qu’on va vivre avec un personnage et qu’on va revivre avec un autre dans le chapitre suivant avec la sensation qu’on n’avance pas dans l’histoire. Sans compter que ça n’est pas toujours évident de comprendre à quel moment on se trouve de la timeline quand on change de points de vue. C’est la partie qui m’a conforté dans la complexité de traitement de cet aspect sur lequel j’ai bloqué dans mon roman « L’accident ». Je suis tombé dans le même travers de retour dans le temps à chaque changement de point de vue.

Encore un personnage féminin raté

Un dernier point m’a occasionné un blocage pour lequel je ne trouve aucun argument pour le racheter. La femme kidnappée fait semblant d’être attirée par son ravisseur, au point de l’embrasser volontairement. Même si c’est dans le but de se rapprocher de lui pour lui prendre son arme, je n’arrive pas à visualiser cette scène. Une autre fois, elle se laisse embrasser à pleine bouche, pensant lui faire baisser sa vigilance. Non, mais quelle fille, dans ce genre de cas, réagit comme ça ? Pour moi, ce personnage est raté. C’est sans doute pour cette raison que je trouve que tout l’effet de suspense repose sur le faux coupable à innocenter et non sur les otages à sauver. L’identification est moins facile pour ces derniers.

La nuit du renard et la peine de mort

Tout au long de ce roman est disséminé un plaidoyer contre la peine de mort. Ce n’est pas dit textuellement, mais le propos est évident. On apprend assez vite que le coupable ne l’est pas. Se pose alors la question de la Vérité. Un jugement n’est qu’une suite de mise en évidence et de réfutation d’une situation, elle-même liée à une enquête plus ou moins bien menée. S’en suit une délibération pour s’approcher d’une réponse appropriée à la situation présentée.

Dans beaucoup de cas, malheureusement, on ne peut pas appeler cela la vérité des événements tels qu’ils se sont déroulés.
Tout cela débouche en France sur l’abolition de la peine de mort. Des procès peuvent être révisés avec des preuves produites des années après un procès.

Que retenir de « la nuit du renard »

C’est un bon polar. Comme tout ce genre de livre, on ne le lira sans doute qu’une fois, mais il est bien réalisé dans l’ensemble. L’histoire est prenante et vous emmène. Le chronomètre tourne avant l’explosion et on croise les doigts jusqu’au bout.