La révolution bolchéviste - dos
4 étoiles

La Révolution Bolchéviste, Lénine

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La Révolution Bolchéviste
Récit historique/Biographie
Dépôt légal 1er trimestre 1963

300 pages (écrit petit, vraiment petit)
édité par Payot

Résumé de « La Révolution Bolchéviste »

Ce livre regroupe le contenu des discours de Lénine, plus ou moins tracés dans leurs utilisations. Ces discours sont entrecoupés de notes historiques et contextuelles pour comprendre la cible et le but des discours. Ces notes sont au moins aussi importantes que les discours eux-mêmes. Elles apportent un éclairage nécessaire à la compréhension des discours et à leur progression. Les discours eux-mêmes sont fastidieux à lire. Ils comprennent beaucoup de répétitions, de redondances et d’analogies plus ou moins réussies, sauf quand Lénine se défend ponctuellement sur un thème précis.

Quand on pense à Lénine, il y a deux choses principales qui nous viennent à l’esprit : Communisme et Révolution Bolchéviste. Ce qu’on imagine moins souvent c’est ce qui se cache derrière ces deux concepts. D’abord, il faut voir que cela se déroule pendant et après la Première Guerre mondiale. La Russie est en déroute et les alliés signent une paix partielle avec elle. Pendant cette période de grand chaos intérieur se déroulent la Révolution Ouvrière et la montée du Bolchevisme.

Dès le début du livre, Lénine énonce ses mesures principales :

La révolution bolchéviste - extrait

Mon avis sur « la Révolution Rolchéviste »

Une chose pour commencer. Impossible de lire ce livre d’une traite. Il y a beaucoup de répétitions dans les discours et les idées. Il y a aussi beaucoup de revirements de situations. Au moins, on ne peut pas dire de Lénine qu’il était bloqué sur ses idées et savait faire marche arrière devant une erreur.

Une révolution idéologique brutale

Le mouvement qu’il enclenche, la Révolution Bolchéviste, est d’une violence extrême, on ne parle pas de revendications, de grèves ou de manifestations. On parle de la spoliation complète de tous les biens, de l’annulation pure et simple de la notion de propriété et l’application de la devise : « celui qui travaille mange ». Le tout avec un salaire unique. Voyez donc la tête des bourgeois et de la classe dirigeante, pas habituée à se salir les mains. Au passage, il déclare l’annulation de toutes les dettes contractées par l’empire russe et renie tout fonctionnement capitaliste.

Une mise en place pleine de promesses

Et ça marche, dans un premier temps. Lénine entraîne avec ses discours des millions de paysans d’abord, puis d’ouvriers. Il leur promet l’abolition des classes et l’égalité entre les citoyens. Pour Lénine, donner le pouvoir au peuple est pris au sens littéral. Le moindre type qui avait un pouvoir et dont le seul travail était de l’exercer, quel que soit le domaine ou le niveau de l’état, est remplacé par un ouvrier qui occupe ce poste en plus de son propre travail. L’état est réorganisé en Soviets. Les résistances intérieures sont balayées par la Révolution Bolchéviste. Même les socialistes révolutionnaires sont jugés trop timorés pour Lénine. Des millions de Russes parmi la classe « bourgeoise » fuient leur pays.

Inspiration Française et amertume

J’ai été étonné par ses nombreuses références dans les premiers temps à la commune de Paris qu’il prend comme un exemple courageux, mais inabouti. Il en tire certains enseignements. Un aspect plus surprenant de ces discours est son regard sur la Russie qu’il qualifie d’arriérée ou de dégénérée. Il a des mots extrêmement durs pour son pays accablé par la famine et incapable de se s’organiser. C’est en partie un moyen de rejeter cette faute sur l’impérialisme russe du Tsar qui a jeté un grand pays dans la guerre aux côtés d’un allié de grande valeur. Ne pas oublier que Nicolas II Tsar de Russie et Guillaume II empereur d’Allemagne étaient cousins. Voici deux liens sympas pour en apprendre plus et voir l’Histoire autrement :

monarchiebritabnique.com
curieusehistoire.net

L’espoir d’une Révolution Bolchéviste mondiale

Lénine harangue les foules, mais il ne cache jamais que ça sera difficile. La Révolution Bolchéviste mondiale ne dépend pas de la Russie trop faible, mais des autres nations impérialistes. Il nomme principalement l’Allemagne, la France et l’Angleterre. Il demande à son armée prolétarienne de patienter le temps que les autres peuples se réveillent et les rejoignent dans la lutte. Ce sera le cas de l’Allemagne en 1918. Principalement à cause des confiscations, à la fin de la guerre et des demandes de réparations des vainqueurs qui l’étranglent.
À côté de cela, il y a une pensée qui m’intrigue et je me demande si Lénine déduisait ces paroles de ce qu’il voyait ou de prospections plus hasardeuses :

« D’autant plus se perdra l’impérialisme anglo-américain, s’il fait de ses troupes les gendarmes et les bourreaux de toute l’Europe ; cette aventure le conduira à la banqueroute politique. »

Il ajoute juste après :

« Il y a déjà longtemps qu’ils veulent éliminer la Russie ; ils préparent depuis longtemps leur campagne. »

Il énonce ensuite les mesures prises contre le grand empire russe au sens très large, Tchécoslovaquie, Turquie, Bulgarie, Roumanie compris dans le lot. Comme quoi la paranoïa russe n’est pas d’hier.

Avant sa mort en 1923, Lénine toujours optimiste tire pourtant des conclusions difficiles de son entreprise :

p291 : comment se fait-il que dans la capitale de la république des soviets, il ait fallu deux enquêtes, l’intervention de Kamenev et de Krassine et une directive du polit-bureau pour acheter des conserves ? Qu’est-ce qui nous a fait défaut ? … 99 % des travailleurs de coopératives de Moscou, que je ne blâme pas et que je tiens pour d’excellents communistes, et 99 % des travailleurs du Vnechtorg ont montré un manque total de culture générale (en administration et gestion).

 

p298 : il faut comprendre et ne pas avoir peur de comprendre que 99 entre 100 communistes s’occupent de ce qu’ils ne savent pas faire, qu’ils font mal leurs affaires et qu’ils doivent tout apprendre encore.

Oubli ou rivalité ?

Une surprise à la lecture de ce livre. Lénine ne parle à aucun moment de Trotsky, alors qu’il nomme à plusieurs reprises la commune de Paris et les cercles communistes étrangers. Je me demande quelles étaient leurs relations. Je me demande aussi si ce n’est pas une sorte de mépris ou passage sous silence volontaire. Cette question reste à creuser pour moi.

En conclusion de cette biographie

On comprend très bien l’enchainement naturel de la Révolution Bolchéviste. On a beau essayer de mettre de côté nos idées préconçues sur l’époque, à la lecture de ce livre, on ne peut que considérer Staline comme un enfant politique naturel de Lénine. Ce dernier avait déjà planté les graines de la sélection Russe, de la conquête communiste et de la paranoïa à grande échelle. Des débordements qui auront les conséquences qu’on connaît en matière de purge sociale et de politique générale.