au revoir là-haut, Pierre Lemaitre, extrait
5 étoiles

Au revoir là-haut le chef d’oeuvre de Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013

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Au revoir là-haut, Roman historique
566 pages
Édité par Albin Michel
Prix Goncourt 2013

Résumé du livre

Le livre au revoir là-haut se déroule à la fin de la Première Guerre mondiale. Un lieutenant veut faire un dernier coup d’éclat. Il envoie deux éclaireurs devant les lignes ennemies. Il en abat un dans le dos et se sert de sa mort pour envoyer ses troupes sur les lignes adverses. Dans la bataille, un homme se fait arracher la mâchoire par un éclat d’obus. Il est sauvé par un de ses compagnons. L’officier prend la colline visée au prix de lourdes pertes et reçoit tous les honneurs.

Par la suite, les vies de ce blessé de guerre, de son compagnon d’armes et du lieutenant vont se croiser et s’entremêler. Les soldats rejetés dans la misère au retour de la guerre, mettent au point un plan pour obtenir réparation par leurs propres moyens. Le fantassin rescapé à qui il manque la moitié de la tête affronte difficilement le regard du monde. On apprend à aimer l’un, à plaindre l’autre et à en détester certains jusqu’à un final ahurissant.

Mon avis sur Au revoir là-haut

Récemment, j’ai mis la main dessus dans une boîte à livre de ma ville, ce qui l’a fait passer en tête de liste. C’est vraiment une super idée ces boîtes d’échanges. Ce livre était dans ma liste des livres à lire depuis un moment. Je n’étais pas sûr de l’aimer, mais ce n’était pas pour les bonnes raisons. Dans mon cas, c’est le genre de livre qui vous dégoûte d’écrire. Je vous explique pourquoi.

Ce que j’en ai pensé

Je ne sais pas par où commencer. C’est… whao… c’est tellement… voilà c’est exactement ça. C’est tellement. Tellement bien maîtrisé dans la dramaturgie présente dans chaque scène. Les personnages sont tellement bien décrits. On partage tellement leurs douleurs, leurs interrogations, leurs peurs. Et c’est tellement bien tourné qu’à la fin on se demande si ce n’est pas une histoire vraie. Les deux dernières pages s’adressent aux lecteurs pour donner quelques explications d’époque et confirmer que l’événement principal a bien été inventé de toutes pièces.

Enfin un prix Goncourt abordable pour tout le monde

Le livre au revoir là-haut a remporté le prix Goncourt en 2013. Malgré cela, je n’ai pas ouvert une seule fois le dictionnaire. Comme quoi, pas besoin de placer des mots compliqués pour faire de la littérature de haute volée. Oui, parce que là, on est dans de la littérature de haute volée. Contrairement au prix Goncourt 2020 que je vous laisse découvrir ici ou au prix Goncourt 2022 dont la chronique arrive bientôt. Utiliser des mots simples ne veut pas dire avoir une écriture simple. Ici, les mots sont tous parfaitement bien choisis, nécessaires et suffisants à l’histoire. Il n’y a aucune longueur dans le texte ni aucune ellipse déroutante.

Mon analyse de Au revoir là-haut et pourquoi ce n’est pas un livre pour les auteurs.

La structure et les personnages

Ce livre compte 566 pages dans mon édition. Ça commence à faire beaucoup selon mes critères. Pourtant, comme je vous le disais, il n’y a pas de longueur dans ce roman historique. Il y a des moments où l’on respire plus que d’autres, mais jamais de longueurs où l’on se dit : « OK, donc ça, c’est le chapitre de remplissage qui ne sert à rien ». L’histoire commence fort et ne vous lâche pas jusqu’à la fin.

Chose étonnante pour un livre de cette longueur, il ne fourmille pas de personnages. On a cinq personnages principaux et autant de personnages secondaires. D’autres intervenants sont nommés pour les besoins du récit, mais on ne s’attarde pas dessus. Ce qui n’empêche pas d’avoir l’impression de les connaître, par une mise en situation, quelques habitudes ou une description précise, suffisante, mais pas lourde. Tout ici est dans la subtilité, on sait ce qu’il y a à savoir et l’on découvre le reste au fur et à mesure sans se taper une page de description. Chaque personnage est simplement parfait. Leurs interactions et ce qu’ils partagent, on le partage avec eux. Leur rancœur d’après-guerre, leur abandon, leur pauvreté pour certains, leur richesse pour les autres ou leur envie d’arracher leur revanche.

L’ambiance et le contexte historique

L’atmosphère d’après-guerre est extrêmement bien décrite et l’on est complètement plongé dans cette époque. Je suis d’autant plus jaloux que j’ai un roman en prévision qui se déroule dans l’entre-deux-guerres. La distance qui me sépare du roman de Pierre Lemaitre me paraît tellement (encore une fois) énorme que c’est un peu démotivant.

Pour illustrer mon propos, voici un court extrait du livre :

« Albert, seul, pleura. Il y aurait une histoire à écrire dans les larmes d’Albert. Celles-ci, désespérées, naviguaient de la tristesse à la terreur, selon qu’il considérait sa vie ou son avenir ».

Avec ça, vous avez compris. En trois phrases, vous êtes plongé dans l’esprit du livre, mais attention, ce n’est pas fait pour pleurer de bout en bout. Non, on ne s’apitoie pas sur ces personnages. On combat avec eux. Chacun est pris dans un tourment. Des destins se croisent, certains s’écartent. On voit les lignes de vie s’entremêler sans que les protagonistes le sachent. C’est toute la beauté de la chose. Ils se croisent parfois sans le savoir. On voit de l’extérieur l’étau de la vie se resserrer autour d’eux, encore une fois sans qu’ils s’en rendent compte. On partage leurs angoisses. Dans les cent dernières pages, le rythme s’accélère. Tout est en place, et l’inertie du mécanisme va emporter tous les rouages.

Une postface nécessaire

J’ai particulièrement apprécié la postface dans laquelle M. Lemaître livre les sources qui l’ont aidé pour la rédaction de son livre. Ça, c’est vraiment sympa. Ça fait partie de la liste des remerciements, qui comprend aussi beaucoup de ses sources d’inspiration.

On y apprend aussi que l’histoire des monuments aux morts – je n’en dis pas plus – est fictive. Je vous assure que cette précision n’est pas inutile. L’histoire est tellement bien racontée qu’on se demande si elle a été réelle.

A ce propos, vous pouvez visiter la page wikipédia du roman « au revoir là-haut » qui recèle plus de détails que le contenu de cet article. On y lit par exemple que toute la trame secondaire concernant le trafic de corps est de cercueils est toute à fait véridique.

J’espère vous avoir donné envie de lire ce chef-d’œuvre. Si c’est déjà fait, dites moi ce que vous en avez pensé.