les courants de l'espace, Asimov - 4e
5 étoiles

Les courants de l’espace, Isaac Asimov

Informations commerciales

Les courants de l’espace, Édité par Presses de la cité en 1984
Dépôt légal 1952

Publié chez pocket
222 pages

Résumé

La terre est radioactive (sans qu’il soit donné de cause à cet état) et habitée uniquement par une poignée d’hommes attachés au berceau de l’humanité. Cette humanité a colonisé toute la galaxie depuis si longtemps que certains mondes ne se rappellent plus que la terre existe. D’autres doutent même que les habitants de toutes ces planètes descendent de la même espèce : le terrien.
Pour le reste, la quatrième de couverture en dit déjà beaucoup. Je vous laisse la lire ci-contre.

Mon avis sur « Les courants de l’espace »

Depuis le temps, voilà une lacune en partie comblée. J’avais écouté le premier tome de Fondation en livre audio. J’avais été conquis par l’univers ultra détaillé, mais pas du tout pénible, futuriste, mais pas tiré par les cheveux, technologique, mais compréhensible et pas délirant.

Le style du texte

Dans « les courants de l’espace », le style est moins fluide. Il y a quelques touches futuristes, déroutantes et inutilement compliquées dans le texte. Cela mis à part, c’est un détail qui n’entrave pas la lecture et le plaisir de découvrir cette histoire.
L’année à laquelle les événements se déroulent n’est pas donnée, mais on est très loin dans le futur. Pas la peine d’en savoir plus, une datation ne pourrait que brider l’imagination.

L’histoire

Le prologue qui se nomme « un an avant » est un peu flou. Un terrien qui dispose d’informations rencontre un homme qui n’est pas disposé à le laisser rendre compte à ses supérieurs…
Les habitants de la planète Sark ont annexé la planète Florinia et ses habitants pour s’approprier la culture du kyrt (une fibre aux propriétés très convoitées qui est revendue à prix d’or à travers toute la galaxie). Cette manne rend Sark autonome dans la grande république galactique contrôlée par la planète Trantor. Les scientifiques ont échoué à faire pousser le kyrt ailleurs que sur Florinia.
Un spacio-analyste prédit, d’après ses calculs, la destruction de la planète Florinia et tente d’avertir Sark. Quelqu’un lui lave le cerveau avant qu’il ait pu délivrer son message.

Tout part de ce point qui déclenche une suite d’événements impliquant des planètes et leur population entière. L’annonce avortée du spacio-analyste met en balance la vie de milliards de personnes avec les bénéfices économiques d’une poignée de ploutocrates sarkites. Au court du livre, le spacio-analyste recouvre la mémoire petit à petit et tente de mener sa mission jusqu’au bout.

Les niveaux de lecture dans les courants de l’espace

Ce roman est écrit en 1952. Pourtant, il y est décrit les travers de la prestation de service et de la délocalisation. Les sarkites vivent dans l’opulence de leurs exploitations. Ils ne savent plus rien faire et délèguent tout. Un Florinien leur apporte la preuve que les vrais dirigeants même s’ils sont pauvres sont finalement les Floriniens qui exercent dans l’ombre toutes les tâches importantes. Au final, les riches sarkites sont complètement dépendant des pauvres Floriniens, pour manger, lire leur courrier et toutes les choses les plus basiques. On peut écrire la même histoire de nos jours.

Le dénouement attend les toutes dernières pages du livre. Une assemblée de personnes influentes cherche à démêler le dilemme dans lequel ils sont plongés. Un troisième protagoniste : Trantor, tire des bénéfices de la culture de kyrt et ne souhaite pas s’opposer à Sark. Pourtant, le représentant des spacio-analyse leur assure que si la théorie est fondée, leur commerce n’en a plus pour longtemps et ils condamnent toute la population de Florinia.

Citation page 215 :

« Toute une population planétaire ne comptait pas en face des impératifs de la nécessité économique. »

Il est proposé à Trantor de sauver tous les Floriniens et de récolter les fruits de cette générosité bien plus tard. Cette proposition ne tient pas face aux bénéfices réalisables à court terme. Là encore, on ne peut s’empêcher de ressentir une profonde tristesse au regard de ce que nous rappelle cette situation.

Cela me fait penser au discours de Vincent Lindon au festival de Cannes 2022 :

« Parfois quand je me sens écrasé par l’actualité, j’ai l’impression qu’on danse sur le Titanic. »

J’ai trouvé cette phrase très percutante. Autant sur le Titanic, les voyageurs profitaient de danser sans savoir ce qui les attendait, autant, là on sait vers quoi on avance, mais on continue à danser… Bref, le sujet n’est pas là. Revenons-en aux courants de l’espace.

La chute finale

Le livre se finit sur un épilogue qui explique en 4 pages ce qui est finalement advenu des personnages particuliers ainsi que des populations en péril. C’est un peu rapide, mais tout y est.

Le plus beau dans ce livre est de relire le prologue quand on a fini tout le livre. Et là, il se passe quelque chose de magique. Tout devient très clair et compréhensible. On recompose la scène décrite à la toute fin du livre dans le « procès » du spacio-analyste. On découvre qu’on avait les clés de tout le récit entre les mains depuis les premières lignes. Cet effet où l’on se sent berné, mené en bateau par l’écrivain est purement génial. Rien que pour ce moment où j’ai réouvert le prologue pour essayer de le comprendre à la lumière de tout le reste, justifie de lire ce roman.

Je suis tellement curieux de savoir comment s’est déroulée l’écriture. Je suis presque persuadé que ce type de livre ne peut naître qu’après avoir couché un scénario bien précis et un plan parfaitement ciselé. Peut-être même que le prologue a été écrit après le reste. Ce serait sans doute le plus simple, pour recréer l’effet de surprise après coup. Sauf si toute l’histoire découle d’une situation initiale imaginée par Mr Asimov et que tout le milieu du livre n’est que du bourrage de texte, mais vu la précision et la manière dont c’est tourné, je n’y crois pas.

Que retenir de « les courants de l’espace »

Pas besoin d’être fan de science-fiction pour lire ce livre. Le principal de l’intrigue ne tient pas dans les interactions entre planètes, mais bien dans le jeu politique entre les différentes puissances. L’évolution des personnages et les enjeux vous transportent facilement.
Jetez-vous dessus sans hésiter.

La 2e de couverture

Lorsque vous ouvrez le livre en première page, vous tombez sur cette magnifique photo cartonnée, façon carte postale. On retrouve la vue d’ensemble de l’image de couverture. Aucune indication sur l’auteur ni sur ce que cela représente en rapport avec le roman, mais c’est très joli.

les courants de l'espace - p1 Première page du roman « Les courants de l’espace », Isaac Asimov