4 étoiles

Les montagnes hallucinées, H.P. Lovecraft

Informations commerciales

Les Montagnes Hallucinées, Nouvelle d’Horreur
100 pages en police 10 sur du papier à cigarettes dans cette édition
Ecrite en 1931
Editée par Robert Laffont, collection bouquin

Résumé de la nouvelle

Une expédition part pour l’Antarctique. Un groupe, parti en éclaireur, annonce des découvertes fantastiques avant d’être inexplicablement décimé. Le reste de l’équipe part à sa recherche au plus profond du pôle Sud et y découvre des choses oubliées par le temps, d’une époque que l’homme n’a pas connu.

Mon Avis sur « Les Montagnes Hallucinées »

Confus est le premier mot qui me vient pour parler de cette très longue nouvelle. Encore une fois, pas une ligne de dialogue. On a bien des transcriptions de dialogues, mais pas d’échange entre les personnages à proprement parler. Plus de la moitié du texte concerne des descriptions répétitives. C’en est presque étouffant.

Un pillier du Mythe de Cthulhu

On a beaucoup de matière dans cette nouvelle. Tout d’abord, le Nécronomicon y est cité plusieurs fois comme le livre de référence d’un savoir inquiétant, sans plus. On y apprend qu’un des explorateurs est le seul à l’avoir lu entièrement et franchement, ce scientifique semble en pleine possession de tous ces moyens psychologiques. On y découvre aussi les grands anciens avec pléthore de descriptions à différents stades de leur évolution. En effet, l’équipe de secours découvre une ancienne ville labyrinthique sur les murs desquels sont gravés des fresques représentant toutes la vie des grands anciens.

Des raccourcis faciles

On arrive à la partie qui me gêne un petit peu. Les explorateurs s’éclairent à la lueur de lampes torches, dans un monde inconnu. Ils décryptent des scènes qu’ils ne peuvent qu’essayer d’interpréter d’après les lectures de l’un d’eux dans un livre impie et pourtant, ils en déduisent tout sur les us et coutumes du peuple qui vivait là. Les descriptions de leurs déductions sont si précises qu’on se demande où est la part de leurs observations et celle de leurs suppositions. On croit par moment qu’ils parlent de ces choses comme s’ils les avaient vécues à l’époque de leur existence, alors qu’ils ne font que regarder un mur. ON ne peut qu’en déduire la puissance evocatrice de ces inscriptions. En bref, on est perdu, mais pas au bon sens du terme.

Des références et autoréférences

Je dirais que la partie la plus intéressante de l’histoire concerne les références qu’elle contient. Aussi bien les autoréférences (au Nécronomicon principalement) que les références littéraires. On a ici des créatures qui font un bruit traduit par « tekeli-li ». Ce son est celui qui est poussé par des oiseaux dans « les aventures d’Arthur Gordon Pym » d’Edgar Alan Poe. D’ailleurs, cet auteur et ce roman sont littéralement cités dans le texte, pas comme une citation littéraire, mais bien comme une référence à l’exploration d’A. G. Pym en tant que personne. J’aime beaucoup ce mélange des genres qu’on retrouve souvent chez Lovecraft ou tout peut prendre vie. À la fin, on a aussi un festival de nominations à travers les divagations d’un des explorateurs qui perd la boule au retour de son voyage. Comme si Lovecraft n’avait pas pu tout intégrer dans son histoire et lâchait tout à la fin en vrac.

Un mythe implanté dans la réalité

La frontière est mince entre l’invention et l’inspiration, mais il faudra que je fasse turbiner Google pour démêler le « vrai » du « faux ». Il faut principalement en retenir la nomination de Yog-Sothoth dont la description dans l’histoire est très bien rendue. Son nom est cité au moment de la rencontre. On a à cette occasion un très beau moment dans lequel les deux explorateurs fuient, pourchassés par un monstre difforme aux yeux naissants et mourants et dans lequel ils pensent à Orphée qui ne doit pas se retourner en ramenant Eurydice des enfers, ce qu’il fait, tout comme eux. Un peu avant, on avait aussi eu une comparaison aux matelots d’Ulysse qui se bouchaient les oreilles pour ne pas entendre les sirènes, comme les explorateurs souhaiteraient le faire pour ne pas entendre les sortes de hurlements.

Que retenir des Montagnes Hallucinées

Je ne suis pas déçu par la lecture de cette nouvelle d’horreur. A part peut-être par la longueur du texte, mais c’est une constante chez moi donc la source de ce problème est peut-être devant le livre plus que dedans. Cette histoire est probablement un des piliers du « Mythe de Cthulhu ».

Note personnelle

Les personnages ne sont pas tous morts à la fin. Ils ne sont même pas tous fous et certains ont déjà de grosses connaissances en « mythe de Cthulhu ». Il ne sert à rien d’être plus Lovecraftien que Lovecraft, donc pas la peine de pousser le bouchon trop loin dans le supplice des personnages lors d’une prochaine partie de « l’Appel de Cthulhu ». L’espoir est permis à ceux qui se lancent prudemment sur les traces des mystères incompris de l’univers.

Les Montagnes Hallucinées, Gou Tanabe

Informations commerciales

Dessiné par Gou Tanabe
Edité par Kioon, collection les chefs d’oeuvre de Lovecraft
Dépôts legal 2018
2 tomes de 288 et 336 pages

Mon avis sur le manga « Les Montagnes Hallucinées »

Cette nouvelle dans les mains de Gou Tanabe est composée de deux tomes, chacun plus épais que « Dagon » et « Celui qui hantait les ténèbres » réunis. La présentation est toujours aussi agréable avec cette couverture dont je ne connais pas la matière, mais qui donne un aspect vraiment très qualitatif. La première page est une illustration en couleur d’une citation de « Ulalume » de E. A. Poe. Sur la page suivante, une illustration avec une citation des « aventures d’Arthur Gordon Pym » d’E. A. Poe et à gauche une petite histoire des montagnes hallucinées, son inspiration et ceux qu’elles ont à leur tour inspiré. La page suivante est une magnifique illustration en couleur de Yog-Sothoth.
Les montagnes hallucinées, Yog Sothoth
Le trait des personnages est assez typé manga. Je ne sais pas comment le traduire exactement, mais on retrouve un petit peu des personnages aux grands yeux avec, à mon sens, un air qui ne colle pas toujours avec l’émotion décrite.
Les montagnes hallucinées
L’auteur a ajouté quelques dialogues pour rendre le livre plus vivant et moins indigeste. C’est plutôt bienvenu. En fait, je pense que c’est nécessaire à une adaptation en bande dessinée.

On valide cette adaptation ?

Comme pour le précédent livre que j’ai lu dans cette série, c’est une très bonne surprise. On valide et on en redemande.