Mr Parker Pyne - Agatha Christie - 4e
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4 étoiles

Mr Parker Pyne professeur de bonheur, Agatha Christie

Informations commerciales

Mr Parker Pyne est un recueil de 12 nouvelles policières écrites par Agatha Christie.
Édité par la librairie des champs Élysées
Publié par le masque dans cette version
181 pages

Le fil rouge de Mr Parker Pyne

« Êtes-vous heureux ?
Dans le cas contraire, consultez
Mr Parker Pyne, 17, Richemond Street »
C’est l’annonce qui parait régulièrement dans le Times. Le bienveillant Mr Parker Pyne connaît la nature humaine. Il sait ce qui convient aux personnes en détresse qui viennent le voir. Parmi elles, une femme trompée par son mari, une dont on a kidnappé le fils contre une rançon, un homme qui ne se sent pas heureux dans sa vie plan-plan, une voleuse qui cherche un pigeon pour lui mettre une affaire sur le dos. Toutes ses personnes font appel à Mr Parker Pyne pour résoudre leurs problèmes ou trouver le bonheur auquel elles prétendent. Le détective va souvent bien au-delà de leurs espérances.

Les boites à livre recèlent des surprises

Ce livre, comme beaucoup d’autres que je vous présente, vient d’une boite à livre des Clayes-sous-Bois. J’ai déjà parlé du plaisir que c’était d’en ouvrir une pour y découvrir des trésors perdus. Parfois, l’expérience se rapproche d’un voyage dans le temps, c’est le cas avec Mr Parker Pyne et son marque-page publicitaire d’époque avec son calendrier de 1968.

Note sur la présentation

À première vue, rien n’indique que ce livre est un recueil de nouvelles. Agatha Christie est plus connue pour ses romans policiers et ses personnages récurrents. D’ailleurs, l’encart du haut de la 4e de couverture ne parle que du succès des romans. Seulement la dernière phrase vous annonce que le livre contient douze nouvelles. Comme si c’était dit à voix basse pour ne pas inquiéter le lecteur «  oui, désolé, mais vous allez voir, c’est bien quand même » en s’excusant pour la tromperie.

Mais enfin, c’est quoi le problème avec les nouvelles en France ?
Ce n’est pas un sous genre, bien au contraire et publier un recueil de nouvelles est plus compliqué et demande plus de travail que de publier un roman. Au bout d’un moment, faudrait reconnaître les choses comme elles sont.
Bref. Passons au livre.

Mon analyse de Mr Parker Pyne

Ça y est, j’aime Agatha Christie. C’est dit. Je n’avais pas lu la 4e de couverture avant de commencer ce livre. Je n’en attendais rien. Tout au plus, j’espérais ne pas tomber sur une histoire abracadabrante d’un Poirot suffisant dans une enquête improbable. Ce livre va bien au-delà de ce à quoi je pouvais m’attendre.

La fin du premier chapitre m’a surprise par une chute inattendue. Au deuxième chapitre, j’ai été étonné de voir le protagoniste avoir affaire à d’autres personnages secondaires. C’est à ce moment que j’ai ouvert les premières pages du livre pour découvrir à la 5e page, un petit sous-titre indiquant « douze nouvelles ».

Agatha Christie écrivait aussi des nouvelles, et des fameuses, je vous le dis sans retenue.
À la 5e nouvelle, je découvre que « mort sur le Nil » fait partie de ce recueil… Décidément, c’est le livre des révélations. Cette nouvelle écrite en 1934 est à distinguer du roman du même nom écrit en 1937. À titre personnel, je trouve dommage que Mr Parker Pyne ait cédé sa place à Poirot dans la version longue. Le premier est tout aussi intéressant et beaucoup moins démonstratif et horripilant que le second.

Les scénarios

Les structures de ces nouvelles sont sans rapport avec ce que j’ai lu précédemment de cette auteure. Ici, on a des histoires complètes avec des chutes très bien trouvées qui vous surprennent chaque fois de manières différentes. Surtout, aucun dénouement n’arrive par le truchement d’une résolution invraisemblable. Les affaires traitées ne sont pas réellement des enquêtes policières puisqu’il n’y a pas de meurtre ni de coupable à trouver. Seulement des personnes désœuvrées pour une raison ou une autre qui font appel à ce grand connaisseur de l’humanité pour leur redonner le goût de vivre. Les scénarios sont donc ceux échafaudés par Mr Parker Pyne pour ses clients et ses clientes. Agatha Christie use et abuse de l’ellipse avec beaucoup de maitrise pour garder la surprise de la révélation finale au lecteur tout en lui proposant une histoire captivante.

Les personnages

Son détective, Mr Parker Pyne, est beaucoup plus humain et moins robotique que Poirot. Les personnages récurrents auxquels il fait appel pour mettre en place ses stratagèmes sont plus que des seconds de cordée ou des faire-valoir (dans le style de ce pauvre benêt de Hastings pour Poirot). Ils ont une moralité qui évolue et des cas de conscience qui donnent du corps au fil rouge de ces nouvelles.
Les autres personnages, les clients comme les victimes sont également bien posés. Décrit sobrement, mais complètement. Leurs situations sont toujours crédibles et bien mises en scène.

Voici ce que je considère comme un exemple parfait d’une description de groupe quand il faut caractériser rapidement un certain nombre de personnages. Tout à fait à l’opposé de Dan Simmons dans Hypérion

« Ils étaient sept : le gros magna américain Caleb P. Blundell, son beau secrétaire brun et taciturne Jim Hurst, sir Donald Marvel, membre du parlement anglais, qui semblait fatigué. Le docteur Carver, archéologue de réputation mondiale. Un bel officier français, le colonel Dubosc, Mr Parker Pyne dont la profession était mal définie, mais qui offrait l’aspect de la loyauté britannique. Enfin, miss Cabrol Blundell, jolie fille manifestement choyée et très sûre d’elle. »

Les lieux

Ils sont tous très différents d’une nouvelle à l’autre. Ici, la campagne anglaise, là les compartiments couchettes d’un train. Malheureusement, la vallée du Nil est passée sous silence au profit des cabines du bateau dans lesquelles se déroule l’enquête.

Le petit détail qui ternit l’ensemble

La chose à laquelle je n’adhère toujours pas complètement est le style d’écriture ; surtout pour les dialogues parfois un peu confus dans les transitions des personnages et les incises. J’ai parfois dû relire des passages pour savoir de qui parlait le personnage.

Un autre point qui n’est pas à mettre au crédit du livre est la traduction. Sans être correcteur, 3 horribles fautes de grammaire m’ont sauté aux yeux et un ou deux termes m’ont paru suspects dans leur usage.

Est-ce que je vous conseille Mr Parker Pyne ?

C’est un grand oui. Cette fois, pas besoin d’être déjà un fan inconditionnel d’Agatha Christie pour apprécier les douze histoires de ce recueil de nouvelles à chute. L’esprit retors de Mr Parker Pyne saura vous convaincre et vous apporter le bonheur dont vous avez besoin.