1 étoile

Témoin muet, Agatha Christie

Informations commerciales

Témoin Muet, Roman policier
Aucune mention de l’éditeur
253 pages

Résumé de « Témoin Muet »

On commence le roman par une scène de famille ou des neveux un peu fauchés passent les fêtes de Pâques chez leur vieille tante pas très en forme et richissime.

Dès le chapitre deux, on change de point de vue et l’on fait un saut d’un mois dans le futur. On découvre alors un Hercule Poirot partageant la lettre, qu’il vient de recevoir de la défunte, avec son acolyte Hastings. Tout le reste du livre retrace l’enquête de Poirot qui cherche à savoir pourquoi cette vieille femme a déshérité ses neveux et nièces au profit de sa dame de compagnie, dans un testament rédigé quelques jours seulement avant sa mort.

Mon avis sur ce roman policier

Sur la forme

Un début surprenant. Et je ne parle pas seulement du fait qu’il ne soit pas fait mention de l’éditeur dans le livre ou sur la couverture. Passons ce détail.

Tout le texte est écrit à la première personne du point de vue de Hastings. C’est pratique pour ne montrer que ce que le « moins intelligent » des deux arrive à comprendre. À vue de nez, je dirais que quatre-vingt-quinze pour cent du livre prend la forme de dialogues. Arrivé au milieu, on a plus l’impression de lire un procès-verbal d’audition qu’un roman.

On retrouve ici, comme dans le livre de Gandhi, et comme dans Molière avec son Scapin, un personnage qui ne sert qu’à en mettre un deuxième en valeur. Il oriente les conversations de manière naïve pour partager les informations nécessaires à entraîner le lecteur dans l’enquête. Dans « témoin muet », ce personnage charitable est Hastings, le narrateur de l’histoire et le bienveillant interlocuteur de Poirot.

Sur le scénario

En ce qui concerne l’histoire, on a donc une morte et une poignée de coupables potentiels. Au début, tous semblent avoir un intérêt à ce que la vieille ne vive pas centenaire. Chacun est interrogé (même le chien sous forme de jeu de balle). Chacun livre sa vision partielle de la vérité et désavoue son voisin par la même occasion. A la page 173, toutes les informations que nous avons sont quelques conclusions tirées d’observations et de racolages.

Tout le livre s’acharne à nous faire passer Poirot pour un as de la déduction qui ne se base que sur la psychologie du crime pour déterminer la psychologie du criminel et porter son accusation finale. Cette démonstration ne se transmet que par les dialogues entre Poirot et Hastings qui lui tire les vers du nez. C’est le couillon de service qui, sous prétexte de ne rien comprendre, demande quelques miettes d’explications au détective. Ce dernier laisse, par pitié, filtrer de maigres informations qui relancent l’intérêt du lecteur.

La fin Scooby-Doo agaçante de « Témoin Muet »

La fin tombe dans les 10 dernières pages sous forme du plaidoyer de Poirot devant un parterre de suspects médusés par son génie. Le lecteur reçoit cet acte comme une libération. Avec les informations dont il disposait, il pouvait monter une quantité de scénarios, tous aussi valables que celui retenu par l’autrice pour achevé son histoire. Celle-ci est tellement alambiquée qu’elle laisse un goût assez désagréable.

Ce livre ressemble à une démonstration d’Agatha Christie à rabaisser le lecteur au niveau d’un benêt, tel Hastings, alors qu’il désire être flatté et hissé au rang d’investigateur.

De mon point de vue, ce style de roman est réussi si à la fin, le lecteur referme le livre en se disant, « je le savais » (même si ce n’est pas tout à fait vrai) et qu’il avait l’impression d’avoir resserré la nasse de l’enquête avec l’inspecteur ou au moins s’il se rend compte qu’il avait tous les éléments en sa possession pour démêler l’affaire.

Deuxième possibilité, le lecteur s’est complètement fait avoir parce qu’il n’a pas su imbriquer toutes les pièces du puzzle qu’il avait sous les yeux. Dans ce cas, il a été gentiment manipulé.

Que retenir de « Témoin muet »

Dans « témoin muet », le lecteur est le témoin extérieur et impuissant d’une histoire qui se déroule sur 350 pages mais qu’il ne comprend que dans les 10 dernières sans aucun palier de compréhension entre les deux.
En résumé, je crois que je ne suis pas fan, mais je vais persévérer.