L'atlantide - pierre benoit - 4e
5 étoiles

L’Atlantide, Pierre Benoit, prix de l’académie Française 1919

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L’Atlantide est un Roman d’Aventures Fantastique
Publié par le livre de poche en 1963
Édité par Albin Michel, publié en 1919
233 pages
Prix de l’Académie française 1919
Le texte intégral paraît d’abord sous forme de feuilleton littéraire dans une revue dès 1918.

Résumé de l’Atlantide

En 1903, dans l’Algérie française, le lieutenant Ferrières dirige le fort de Hassi-Inifel depuis le départ du capitaine Dieulivol. Il reçoit l’annonce officielle que le capitaine de Saint-Avit vient reprendre le commandement du fort. La réputation de ce capitaine le précède. Il aurait, lorsqu’il était lieutenant, tué le capitaine Morhange avec lequel il était parti en mission.

Dès son arrivée au fort Hassi-Inifel, le capitaine de Saint-Avit avoue son crime au lieutenant Ferrières et lui explique toute l’histoire. Il lui fait le récit complet de leur aventure dans l’Atlantide pour qu’il soit juge de la situation.

Mon avis

Le lieutenant de Saint-Avit et le capitaine Morhange font vibrer et transpirer le lecteur dans le désert Algérien à la découverte de l’Atlantide.

La structure du livre

L’Atlantide débute par une surprenante lettre datée de novembre 1903, que le lieutenant Ferrières laisse à la postérité. Le premier chapitre revient en juin 1903 quand Ferrière apprend l’arrivée du capitaine de Saint-Avit. Le reste du livre est l’histoire d’une aventure racontée par ce capitaine. À tel point qu’on en oublie Ferrière qu’on a cru un moment être le personnage principal. Petit à petit, de Saint-Avit s’efface peu à peu pour laisser place au capitaine Morhange dont il retrace l’histoire.

Ça peut paraître un peu compliqué, et pourtant c’est fait tout en douceur dans le texte et on se laisse emmener par l’histoire. On s’aperçoit très vite que ce prix de l’Académie française ne sort pas de nulle part.
Étrangement, la fin paraît d’abord décevante jusqu’à ce qu’on rouvre le livre à la première page et qu’on soit éclairé par la lumière de la lettre de Ferrière.

Un prologue intrigant qui constitue à la fois un parfait épilogue. La magie opère parfaitement. Quelle classe et quelle maitrise !

Les personnages

Il y en a beaucoup et pourtant, ils sont tous très distincts, importants et apportent chacun un aspect du roman. Ferrières n’est présent que dans le premier et le dernier chapitre sauf une ou deux incises dans la narration.

La relation principale qui est développée est celle entre de Saint-Avit et Morhange, mais d’autres ont beaucoup d’importance pour ciseler le tableau de ces deux personnages.
Mention spéciale à M. Le Mesge qui est un fantastique guide de l’Atlantide. Son esprit a glissé dans une folie parfaitement construite et matérialisée.

L’Atlantide de Platon

J’ai adoré cet aspect du roman de Pierre Benoit qui s’appuie sur les écrits de Platon pour personnifier son Atlantide et lui donner consistance et mystère. Cela m’a poussé à lire Critias de Platon que je n’aurais sans doute jamais lu sans cette porte d’entrée.

L’Histoire

Remis dans le contexte, je trouve ce livre assez surprenant. Les combats de la Première Guerre Mondiale sont terminés. J’hésite à dire que la guerre est finie quand on sait le temps que vont prendre les discussions de réditions et les modalités de remboursement des « perdants ». Bref, la crasse des tranchées et des atrocités n’est pas tout à fait derrière les Français. Elle est encore présente partout. Pierre Benoit livre à cette période un roman d’aventures de la France coloniale plein d’exotisme, d’amour et de fraternité. Les quelques combats racontés ont eu lieu en plein jour et au sabre entre hommes d’honneur.

L’Amour

Je me demande si ce n’est pas le thème principal du livre. D’ailleurs, Le Mesge fait une remarque à ce sujet à Morhange. Il lui dit que tous les hommes qui sont venus avant lui, et des plus braves, ne sont pas repartis. Ils ont préféré mourir de chagrin et d’amour après avoir vu la reine de l’Atlantide.

À ce propos, le rôle des femmes est extrêmement important et à contre-pied de ce à quoi j’aurai pu m’attendre pour l’époque et le lieu. La première est ni plus ni moins qu’une déesse impitoyable qui venge toutes les femmes de la création par sa domination des hommes. L’autre, fille de Roi, prisonnière, sera un personnage clé du scénario et encore une fois, un homme lui vouera beaucoup d’amour.

Pour conclure sur l’Atlantide

Je pense que vous l’avez compris, j’ai vraiment adoré ce roman de Pierre Benoit. Il vous fait voyager dans l’Algérie à la découverte des tribus touarègues. Il vous fait parcourir les immensités désertiques au point que vous en avez la bouche sèche. À la fois, il vous fait vivre une véritable histoire d’amour impossible et avec un peu de curiosité, il vous fait découvrir Platon.
C’était une relecture. C’est assez rare pour que je le précise et ce n’est peut-être pas la dernière.

 

Citation du Lieutenant Ferrières :

« Donc, je souhaite ce que je redoute. Je serai déçu si je ne me retrouve pas face à face avec ce qui me fait étrangement frémir. »