Blaze, Stephen King | L’utilisation des flash-back
Informations commerciales
Blaze est un pur roman de Stephen King, même s’il a été écrit par Richard Bachman
328 pages
Écrit en 1973
J’ai du mal à comprendre les dates de publications. Il est indiqué un dépôt légal pour première publication en avril 2010 et une publication chez Albin Michel en 2008 pour la traduction française…
Résumé de « Blaze »
Blaze est un crétin. C’est pas de sa faute, c’est l’alcool. Celui que son père avait bu quand il l’a jeté deux fois du haut des escaliers. Alors il erre de famille d’accueil en foyer pour enfants. Adulte, il rencontre Georges qui prend soin de lui et lui apprend à faire quelques petits coups pour se faire de l’argent.
Malheureusement, Georges meurt avant leur grand coup qui devait leur assurer un bel avenir, alors Blaze se charge seul du kidnapping du petit Joe 4, héritier d’une riche famille.
Préface de S. King écrite en 2007
« Ce bouquin est un fond de tiroir – d’accord. Je tiens à ce que vous le sachiez tant que vous avez encore le ticket de caisse… C’est un fond de tiroir qui a certes été relu et mis en forme, mais ça ne change rien à la chose. C’est le nom de Bachman qui figure dessus, parce que ce roman a été le dernier écrit entre 1966 et 1973, période de plus grande productivité de ce gentleman. »
S. King explique ensuite la différence entre lui et Richard Bachman, car ce n’est pas du tout comme je le pensais au début pour tester son pouvoir commercial à publier sous un nom inconnu. Il y a bien une différence dans la façon d’écrire entre les deux. Rien que pour cette préface très intéressante, le livre vaut le coup d’exister.
Mon avis « Blaze »
Comme je le disais en introduction, c’est du pur S. King. C’est loooong. Il ne nous épargne aucun aspect de la vie de ce Blaze qui continue à converser mentalement avec son ami disparu. Il se fait du café, il marche de long en large dans sa petite maison, il dort dans son fauteuil, etc. Le moindre geste qu’il exécute est détaillé pour que rien ne vous échappe. En plus de cela, il nous raconte par le menu son enfance, son adolescence et le début de sa vie d’adulte dans de nombreux flash-back. On attend la fin avec impatience et quand elle arrive on se demande si cela valait le coup d’attendre.
Écrire sans plan
S. King ne s’en cache pas. Il écrit comme cela lui vient. Ses personnages naissent, vivent et parfois meurent au fil des mots.
Et bien, cela se ressent indéniablement. On se demande souvent où ses histoires vont atterrir. Il arrive que ses fins soient un peu ratées ou convenues et ce n’est pas étonnant. Quand l’écrivain ne les connaît pas, il brode sur les petits aspects de la vie pour faire passer le temps.
Cela conviendra parfaitement aux lecteurs qui se concentrent sur les personnages, qui ont cette part de voyeurisme et qui veulent plonger dans l’intimité des personnages. Par contre, les amateurs d’histoires et de scénarios resteront sur leur faim.
Bien sûr, on finit par s’attacher à ce grand bonhomme à la réflexion limitée, mais on regrette qu’il reste ce qu’il a toujours été : un pauvre type dont le père a tracé un avenir sans surprise après quelques verres.
Je ne sais pas pourquoi des auteurs écrivent sans plan. Ça me dépasse complètement. C’est tellement plus confortable d’avoir une structure complète avant de commencer à écrire.
Certains prétendent qu’ils ne supportent pas cette contrainte et que ça bride leur créativité alors que c’est tout l’inverse. Le plan permet de se poser toutes les questions qui viennent en pagaille et surtout de pouvoir y répondre sans y mettre les formes. D’autre part, le plan n’est pas un élément figé. Il peut (il doit) être évolutif. C’est justement en créant un plan qu’on remarque les erreurs de développement d’une intrigue. Dans ce cas, c’est beaucoup plus facile de modifier un plan et de réorganiser les scènes que de réécrire des chapitres entiers. Oui dans mon cas, je pousse le plan jusqu’à faire un séquencier scène par scène pour les textes un peu longs.
Le seul problème du plan c’est que la phase d’écriture proprement dite est amputée d’une bonne partie de sa créativité et qu’elle devient une phase de rédaction un peu chiante parfois. Elle revient à couvrir de mots toutes les étapes précédentes. C’est la différence entre la conception et la construction. Bref, faites des plans.
L’utilisation des flash-back
Autant le dire tout de suite, les flash-back sont un procédé facile pour deux raisons.
Les flash-back à quoi ça sert ?
D’abord, ça fait des mots à pas cher. Ils permettent de vous écarter de l’histoire avec de petites digressions et ça sert de bouche-trous et de remplissage pour arriver à la taille critique de commercialisation d’un roman voulu par les maisons d’édition.
Ensuite parce que ça sert à caractériser des personnages en dehors de la chronologie principale et sans se casser la tête à les définir subtilement dans des situations spécifiques ou dans des dialogues bien ciselés.
Rarement (la plupart du temps en polar ou en thriller), les flash-back sont utilisés pour vous laisser des indices sur des faits qui ont fait l’objet d’une ellipse à un moment donné et sur lesquels il est important de revenir pour dévoiler l’importance d’un détail en temps voulu.
Dans tous les cas, il faut les utiliser avec parcimonie.
Les flash-back dans « Blaze »
Dans Blaze, on a la répartition suivante : 194 pages pour la chronologie principale et 134 pages de flash-back. C’est beaucoup trop. Vraiment beaucoup trop. D’autant que ces flash-back ne servent qu’à mieux nous faire connaître Blaze et son évolution (si on peut dire qu’il évolue). À aucun moment, il n’y a des éléments d’histoire du passé qui viennent intégrer des éléments du présent comme indiquer que des petits faits ont des conséquences des années plus tard. Non, ici, on vous sert la biographie complète de Blaze. C’est tout. Il ne reste donc que 194 pages pour raconter l’histoire de ce kidnapping, dont on découvre que ce n’est pas le sujet principal si on se fie à la répartition du texte. Malgré cela, on trouve encore le moyen de vous balader avec les listes de courses et les sous-vêtements sales de Blaze. Là, je dis stop. Ce n’est plus possible. Dans ces techniques d’écriture, S. King conseille de couper 10 % du premier pour arriver à une synthèse correcte du texte.
Le mot de la fin
Alors bien sûr je n’ai pas de conseil à donner, hein, et vous allez trouver ça gonflé, n’empêche qu’en tant que consommateur, quand j’achète un livre comme ça, et ben j’ai pas l’impression d’en avoir pour mon argent. Il faudrait au moins passer de 10 à 30 ou 40 % sans problème.
« Blaze » se lit vite et s’oublie aussi vite. C’est distrayant et ne demande pas une concentration folle. Les passages marquants de son enfance sont chargés d’émotions, mais c’est à peu près tout. Blaze est un crétin, pas un héros. Sa vie a un goût amer, mais ne laisse pas un souvenir impérissable.