Epées et Démons, Fritz Leiber 4e
3 étoiles

Epées et démons, Fritz Leiber

Informations commerciales

« Epées et Démons » est un recueil de nouvelles de fantaisie
Publié chez presses pocket SF
Traduit de l’américain par Jacques Parsons
21 pages d’autobiographie, 2 pages de prologue, 223 pages pour les 3 nouvelles.
Dépôt légal décembre 1984 – Écriture depuis 1939

Résumé

« Epées et Démons » et le premier livre du cycle des épées, l’anthologie de Fritz Leiber. Il est suivi de « Epées et Morts », dont vous pouvez lire la chronique dans cet article puis de « Epées et Brumes ».

La femme des neiges

Cette première nouvelle nous fait découvrir Fahrd, le barbare des steppes glacées. Il rencontre une femme saltimbanque aussi belle que dangereuse. Elle lui explique qu’il ne peut pas l’aimer, car elle doit accomplir sa vengeance et rien ne la détournera de son objectif. Elle doit tuer les dirigeants de la guilde des voleurs. Fahrd décide de partir avec elle et quitte son clan.

Le rituel profané

La deuxième nouvelle de « Epées et Démon » est consacrée au deuxième personnage principal : le souricier gris, apprenti magicien de son état. Son maitre est lâchement abattu par le seigneur local qui n’aime pas les mages. L’apprenti qui souhaite se venger va rencontrer la fille du seigneur.

Mauvaise rencontre à Lankhmar

La troisième nouvelle raconte la rencontre entre les deux personnages principaux lors d’un vol qui tourne mal. Une solide amitié nait du hasard de cette rencontre. Les deux deviendront par la suite de fameux brigands.

Mon avis sur « Epées et Démons »

Tout d’abord, je dois vous dire que cela doit faire vingt ans que ce livre traine dans ma bibliothèque. J’avais essayé de le lire, puis je l’avais rangé au bout de quelques pages. Abandonné. Je m’en suis souvenu quand un pote m’en a parlé en me disant qu’il était bien. Pris de remords, j’ai ressorti le livre en croyant être passé à côté de quelque chose.

Le dépôt légal date de 1984, mais ne vous y trompez pas, la première parution d’une de ces nouvelles date de 1939. C’est l’époque Weird Tales. On peut en attendre quelque chose d’intéressant.

La couverture

Attendez un peu, on va s’arrêter quelques secondes sur la couverture. On a une créature dans un œuf. Bon. Le corps musculeux d’un homme. OK. Sa tête est remplacée par une forme bizarre. Incompréhensible. On a aussi une sorte de tête de poisson qui semble sortir de l’eau et au-dessus des oiseaux en plein vol.

Ça fait beaucoup d’informations. Même après la lecture, je ne sais pas à quoi cela fait référence. Et… hé, mais attendez, y a pas un truc qui vous choque ?
En effet, le sous-titre du livre (qui se trouve au-dessus) est « science-fiction », alors que tout le contenu du livre est bel et bien de la fantaisie.

Et bien avec ça, vous avez un reflet parfait du contenu de « Epées et Démons ».

La qualité du texte

La traduction, on en parle ? Allez, si, on en parle vite fait. C’est bâclé. Voilà, c’est dit. Des phrases bourrées de compléments en tiroir font plus de six lignes. Il manque des lettres, il reste des fautes. Ça fait vraiment beaucoup. Le genre de choses qu’on ne pardonne pas dans l’autoédition, mais que l’édition dite traditionnelle s’autorise (ou s’autorisait dans les années 80).

À la décharge du traducteur, le texte d’origine ne doit pas être simple à traduire et on sent parfois la lutte que cela représente. Quand l’action se déchaine, des scènes deviennent confuses. Des personnages semblent se trouver à deux endroits différents au besoin du récit. Il y a aussi des ellipses (peut-être volontaires) qui n’arrangent pas la situation et qui vous font remonter quelques paragraphes en arrière pour voir si vous avez oublié quelque chose. Globalement, la lecture n’est pas facilitée.

Les nouvelles de « Epées et Démons »

Il y a un barbare et un voleur. Ils sont entourés de femmes désirables, mais cette vie n’est pas pour eux. Ils sont motivés par la vengeance. Ils font ce qu’ils savent faire, ils tuent.

Tout au long des pages, vous ne pouvez vous empêcher de penser à Conan de Robert Howard. Celui-ci est né sept ans plus tôt. Alors bon, je ne dis pas qu’il y a copie ou inspiration, mais on ne peut s’empêcher de faire la comparaison et autant dire qu’elle ne va pas du tout dans le sens de Fritz Leiber.

La première nouvelle est un peu longue. Cent pages pendant lesquelles on découvre un jeune adulte prometteur malmené par sa mère et par son clan. Il a une histoire d’amour, mais est envouté par une autre femme qui appartient à une troupe de théâtre.

La deuxième nouvelle sur le souricier est plus sympa et plus « fantaisie ». Le personnage qui n’est pas un battant né a plus de mérite et est plus attachant. C’est mon point de vue, très personnel.

La troisième nouvelle est plutôt bien. La rencontre des deux personnages complètement différents est très intéressante. Ils sont jetés dans des aventures. On sent que ce n’est que le début de quelque chose.

Le contexte de la Fantasy

Les nouvelles regorgent de bonnes idées sur une foule de détails qui donnent une très bonne consistance aux textes. Je ne citerai que les boites à feu dans lesquelles ils transportent des braises pour allumer un feu. Il a aussi la mise en place de la guilde des voleurs comme instrument politique de la vie de la cité. Bref, beaucoup de choses rendent les nouvelles très attachantes.

Que retenir de Epées et démons ?

Je suis très partagé par « Epées et Démons ». D’abord, il y a cet aspect médiocre du livre en lui-même qui s’approche de l’irrespect du lecteur. Ensuite, il y a les aventures de Fahrd et du souricier gris à Lankhmar qui sont très bonnes. On retrouve tout ce qu’on attend d’histoires d’Heroic Fantasy. Avec en plus un monde très fouillé. Tellement fouillé qu’à plusieurs reprises, j’ai eu le réflexe de revenir au début du livre pour consulter la carte du monde qui ne s’y trouve pas.

Pour conclure, je dirais que ce livre est à réserver à un public déjà conquis.

Le point de vue du rôliste

Ce livre est intéressant pour y piocher différents éléments. Il vous donnera de bonnes idées pour vos parties de Jeux De Rôles et la construction d’un univers. Il vous montrera comment les détails ont toute leur importance pour la crédibilité du tout.