

Les quartiers parisiens et les jeunes voyous en 1965
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Les jeunes voyous est un roman d’Auguste le Breton
Édité chez Plon
Première publication en 1967
215 pages
Résumé
Jean Valaère vit à Paris avec sa mère et son second mari, un gardien de prison autoritaire. Il est à peine majeur en 1965 et fréquente un groupe de jeunes plus ou moins à la dérive. Une partie de dés tenue par un gitan tourne mal et il arrache une fille à un garçon qui tente de la violer. Ils commencent à sortir ensemble jusqu’à un accrochage de trop avec son beau-père qui le pousse à quitter la maison.
Mon analyse des jeunes voyous
Il s’agit d’un roman tranche de vie qui dépeint un groupe de jeunes sur une période de quelques jours. Cette courte temporalité renforce beaucoup l’impression qu’ils brûlent la chandelle par les deux bouts.
Le scénario
Jean Valaère n’est pas bien chez lui. Sa mère est complètement dominée et soumise à son nouveau mari qui déteste Jean et le fait payer à sa mère. Il erre de bars en terrains vagues. Un soir comme les autres, la sœur d’un des gars trouble une partie et se fait agresser. Jean Valaère vole à son secours, mais un autre veut la posséder. C’est le début d’une bagarre de coqs vaniteux et de trompe-la-mort. Jean n’est pas bien qu’en compagnie de Francine. Il veut qu’elle lui montre la mer.
Le temps de connaître les personnages et leur situation, on a du mal à voir une intrigue se mettre en place. Une fois qu’elle est implantée, l’histoire accélère et les rebondissements vous mènent à une fin explosive et émouvante.
Les personnages
Ils sont tous hauts en couleur. Les jeunes voyous, mais aussi leurs parents qui tentent de s’en sortir et les policiers qui les mettent en garde contre le sort qui les attend.
L’été caniculaire dans lequel se déroule cette histoire contraste avec la froideur des personnages. Ils ont ce détachement envers la vie de ceux qui n’ont rien à perdre alors qu’au fond chacun espère trouver un moyen de tirer son épingle du jeu.
Les lieux
Sobres et dépouillés dans les villes, ils ne reflètent que la pauvreté de leurs occupants. Si les opportunités, comme les risques, sont en villes, la liberté et l’apaisement sont dans les campagnes.
Cette description de la mer m’a serré le cœur. Je vous rappelle que « les jeunes voyous » a été écrit en 1965 :
« … c’est comme quelque chose de très propre. De pur. Quelque chose qui te fait peur et qui t’attire à la fois. Quelque chose qui te donne envie d’être propre toi aussi. Tu vois ce que je veux dire ? »
Moi, pas du tout malheureusement. Qui aujourd’hui utiliserait le terme « propre » pour qualifier la mer ?
Le style
C’est ce qui fait la particularité de ce roman (en 2025). Il contient nombres de mots et expressions des années soixante. Rien que cela suffit à vous faire voyager dans le temps. C’est déroutant au début. Il arrive qu’on bute sur quelques mots au début et puis c’est un vrai plaisir de découvrir l’argot très riche et imagé de la rue à cette période. On est très loin des « ouech, bien trankil, t’as vu, on est là on rprésente… »
Que retenir des jeunes voyous ?
Un malaise. Avec nos yeux d’aujourd’hui, c’était pourtant, une période prospère. On voulait oublier la guerre, il y avait du travail, peu de problèmes environnementaux à prendre en compte. Malgré cela, le portrait de cette jeunesse est loin d’être rose et son avenir est incertain.
Finalement, est-ce que cette jeunesse aurait eu plus d’armes que la nôtre pour faire face aux problèmes du vingt et unième siècle ?