Rue des maléfices, Jacques Yonnet
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Rue des maléfices est une autofiction (une autobiographie romancée avec des parties fictionnelles)
Édité par Phébus en 1987
Précédemment publié par Denoël en 1954
Résumé du livre
Un homme raconte sa vie dans le Paris occupé de 1943.
Les galères, les rencontres, les astuces pour vivre et aider à vivre et un peu de résistance quand cela se présente. La débrouille, quoi.
Les scènes s’enchainent au gré des personnages qui défilent et qui donnent lieu à des situations plus ou moins intéressantes, entrecoupées de passages fantastiques (dans le sens qui comprend des éléments étranges ou surnaturels). Par exemple, ce moment où un homme (soupçonné d’être un renard) bat sa femme (elle-même soupçonnée d’être une chatte).
Mon avis sur « rue des maléfices »
C’est assez rare, mais j’ai jeté l’éponge. Au début, je me suis intéressé à l’ambiance et au dépaysement qui était proposé dans ce Paris occupé, mais très vite, cela tourne en rond.
L’intrusion du fantastique
Les passages fantastiques paraissent étranges et complètement décalés dans ce tableau historique. Ils sont racontés sur le même ton que le reste sans prendre un soin particulier pour adapter le style et créer un peu de tension ou de suspense.
Le langage
Rue des maléfices, c’est d’abord le langage de la rue. Certains passages (des pages entières, en fait) sont écrits en français argotique d’il y 80 ans. Autant dire que c’est un langage hermétique aujourd’hui pour les non-initiés. Cela rend la lecture très difficile au point ou on saute complètement certains passages pour éviter la frustration de ne pas comprendre ce qu’on lit.
J’imagine qu’à l’époque cela rendait les dialogues vivants et l’immersion du lecteur ne pouvait être que plus importante. Malgré tout, il faut comprendre que ce choix implique une sélection du lectorat, même à l’époque. Imaginez un livre écrit aujourd’hui avec des dialogues entiers en langage des petits caïds de cités. Cela n’aurait aucun intérêt à part perdre le lecteur, là où quelques mots en argot suffisent à faire comprendre l’esprit de la phrase et le personnage.
Des livres trop imprimés par leur époque
Rue des maléfices à l’inconvénient d’être trop teinté de son époque à défaut d’avoir des thèmes ou des préoccupations universelles. Notez bien que ce ne sont que des défauts commerciaux qui les rendent difficiles à lire avec le temps. On fait depuis quelque temps le même reproche à des œuvres datées contenant des connotations qui ne passent plus aujourd’hui. Il faut se rendre à l’évidence, tous les livres ne peuvent pas passer à la postérité.
Alors, on retient « rue des maléfices » ou pas ?
Je n’ai pas accroché du tout et je serai en peine de vous trouver quelque argument en faveur de cet ouvrage. Je vais le rendre à une boite à livre pour lui laisser faire son chemin. Peut-être qu’il tombera entre les mains de quelqu’un (sans doute âgé) qui saura l’apprécier.