3 étoiles

Si ça saigne, Stephen King

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Si ça Saigne, Recueil de 4 nouvelles
Publié chez Le livre de poche
636 pages

J’ai acheté « Si ça Saigne » en passant devant le rayon d’un supermarché. Je me suis dit : «  tiens ! un Stephen, King. Ca faisait longtemps. Et puis on n’est jamais déçu ». Stephen King a écrit beaucoup de nouvelles et je le trouve (trouvait ?) particulièrement efficace dans cet exercice. Voyons cela. 

La note de l’auteur à la fin est très intéressante. Il y parle de ses sources d’inspiration et crée une proximité entre le lecteur et l’auteur.

​Le téléphone de M. Harrigan

Résumé

Un vieil homme austère paie un jeune garçon (avec l’accord de son père) pour lui faire la lecture. Contre toute attente une sorte d’amitié nait entre les deux personnes. Des sentiments qui vont un peu plus loin que la relation mentor/élève. Le jeune découvre des livres qu’il apprend à aimer, le vieux découvre son époque à travers le téléphone portable que lui offre son élève. Quand le vieux meurt, le jeune glisse discrètement le portable dans le cercueil du vieux comme signe de ce qui les avait le plus rapproché. Une nuit de déprime, le jeune appelle le téléphone du vieux pour entendre sa voix sur le répondeur. Contre toute attente, le téléphone fonctionne bien plus longtemps qu’il s’y attendait. Le jeune reçoit même un SMS incompréhensible du vieux.

Mon avis

Il se passera d’autres évènements avec ce téléphone enterré. Il sera aussi à l’origine de nombreuses questions sur ce qui lie les vivants et les morts. On peut aussi y voir une sorte d’aliénation à la technologie.

Cette nouvelle est assez réussie. On s’attache beaucoup aux deux personnages et à leur liaison.

A mon avis le film qui en est tiré est en dessous du matériau d’origine.

​La vie de Chuck

Résumé

On commence par un chapitre de fin du monde dans lequel chuck n’est plus. Seuls des panneaux plublicitaires rappellent son existance passée. Sauf qu’à la fin de ce chapitre, la terre est détruite. Dans le chapitre suivant on découvre qui est Chuck. La vie de Chuck est découpée en plusieurs chapitres qui font état de la vie de Chuck. Ensuite, les chapitres sont présentés dans le sens inverse de l’ordre chronologique de leur époque.

Mon avis

C’est assez originale et déroutant au début. C’est comme si dans un policier, on vous disait qui est l’assassin au début. Après ça, pour réussir à capter le lecteur, il faut vous accrocher. C’est possible hein, ça existe, mais c’est compliqué. Et ben là, c’est un peu pareil, on sait que Chuck est mort et on s’en fout puisque de toute façon, tout le monde finit par mourir. Les chapitres qui mènent à ce dénouement extrême perdent de leur puissance. A la rigueur, on y trouve de la nostalgie, de la tristesse pour ces pauvres personnages qui s’accrochent à des détails qu’on sait bien futiles.

Finalement, c’est peut être ça l’intérêt de cette nouvelle. Est-il important d’accomplir de grandes choses pour dire qu’on a existé ? Chuck n’a rien fait d’extraordinaire, Il a vécu, il a aimé, il a été aimé et cela a suffit pour que son visage soit affiché sur tous les panneaux de la ville à sa mort. Et s’il avait su que ce serait la fin du monde, aurait-il fait autrement ? Je ne sais pas ce qu’il y avait à comprendre dans ce texte, c’est ce que j’en retire.

S’il y a une chose pour laquelle les nouvelles sont intéressantes, C’est qu’elles permettent de faire des tests. Je pense que celle-ci fait partie de ce genre de nouvelles et… Bon des fois on trouve des trucs bien et des fois, ca ne marche pas, mais on a essayé et on en sait un peu plus sur ce qu’on peut faire ou pas. Le truc c’est que quand on s’appelle Stephen King, on peut même publier les déchets, ca se vend.

​Si ça saigne

Placements de produits, c’est trop

Et bien je dois dire que je n’ai jamais lu un livre avec autant de placements de produits. J’en avais entendu parlé en littérature mais je n’étais jamais tombé face au phénomène. Peut-être parce que beaucoup de ce que je lis a été publié largement avant le développement de cette pratique.

Ici, c’est à croire que monsieur King n’arriverait pas à payer ces facture sans ce petit complément de revenu. Oui car à ce point, je n’arrive pas à croire que c’est gratuit. Je me demande même dans quelle mesure cela modifie le texte original. Dans le cas dont je vous parle, il s’agit principalement d’une marque de montre connectée. L’héroïne passe son temps à contrôler ses pulsations cardiaques sur sa ù$% ¤£@§… Ce personnage n’est pas cardiaque, elle n’a aucun problème de ce côté là. Ca aurait pu être justifiable si elle risquait l’infarctus à tout instant en étant face à une situation critique mais nan, pas du tout. Elle regarde sa montre et nous dit de quelle marque elle est… qui fait ça ?

Cet aspect de l’histoire est complètement supprimable sans rien enlever à l’intrigue ni à la construction des personnages, alors pourquoi ? Exactement comme les marques de smartphone (comme dans la vie de Chuck, en passant). Celle là est plus habituelle. C’est comme dire qu’il sort son é&àç\@#{^ de sa poche plutôt que de dire qu’il sort son smartphone, même si je préfère la 2e version. On voit la même chose pour les véhicules. Une gars ne monte jamais dans une voiture, mais toujours dans une à»ç’)é@\[ ou une ]{^|]-è»’t. Voilà, c’est comme ça, et même si ça ne rend pas le truc plus intéressant. Il pourrait très bien simplement monter dans sa familiale bleue foncée, aux portières rouillées ou dans sa voiture de sport décapotable rouge, mais non, là encore, il faut une marque. Bref.

Mon avis sur la nouvelle

A part ça, on retrouve du King à la limite du fantastique, qui ne bascule jamais vraiment dans le pure extraordinaire mais il s’arrête à la frontière de l’étrange surgit du monde réel et c’est là qu’il est vraiment excellent. « si ça saigne » est la nouvelle la plus longue du recueil et malheureusement, cela se sent un peu. A part ça, l’enquête du personnage principale est très bien menée, les personnages secondaires qui lui donnent les clés du mystère sont très intéressants ( un vieux malade et son petit fils). Je ne saurais dire pourquoi mais ils m’ont tout de suite rappelé les Lebowsky du film « the big Lebowsky ». La fin est très sympa. Elle n’est pas franche et ne livre pas d’interprétation claire, mais vu le sujet, elle me paraît très appropriée.

​Rat

Résumé

Un homme qui a des difficultés pour accoucher de son premier roman, part dans sa maison secondaire pour écrire tranquillement parce qu’il a l’idée du siècle.

Hein ? Ça vous dit quelque chose ? Ha oui, vous pensez à cet homme qui écrit un livre seul dans une maison et qui fait apparaître en chair et en os le héro de son roman qui le persécute dans « Différentes Saisons » ? Nan ? Vous pensiez peut-être à Shinning où un gars emmène toute sa famille faire du gardiennage d’un hôtel pendant la saison des neiges où ils seront complètement coupés du monde et profite du calme pour écrire son roman ? Je ne me rappelle plus bien de « sac d’os » mais je miserais bien sur une histoire de ce genre aussi. Après tout, on le répète assez. Tout a déjà été écrit. Ce qui compte c’est de le raconter différemment. Alors allons-y pour « Rat ».

Mon avis

Comme déjà dit, on se retrouve en terrain connu avec des personnages peu nombreux (normal pour une nouvelle) et bien campés. Le sujet n’est pas révolutionnaire, mais on se laisse facilement emmené par les difficultés de cet écrivain qui galère et qui passe un pacte pour réussir.

Une chose m’a tout de même choqué. Vers la fin de la nouvelle, l’écrivain a enfin terminé son premier roman, et le présente à des éditeurs. 3 des plus gros éditeurs de New York enchérissent pour l’avoir et lui proposent une avance de 350 mille dollars… oui, vous avez bien lu, 350000 dollars. Alors je me pose une question, dans quel monde vit cet écrivain ? Parce que j’y vais tout de suite. En France pour un premier roman qui sort de nul part (et sans pacte avec aucun esprit), si on décroche 1000 euros, on saute dessus.

Que retenir de « Si ça saigne » ?

Avec le recueil « Si ça saigne », on est très loin du Stephen King qui nous faisait vibrer et nous transportait dans des univers hypnotisant. On est aussi loin du King qui savait transformer les détails du quotidien pour les rendre effroyables. ici, on navigue entre deux eaux et on est content de passer à autre chose.