Epées et Mort, Fritz Leiber 4
3 étoiles

Les Thanatonautes, Bernard Werber

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Les Thanatonautes, roman fantastique
Éditer par Albin Michel en 1994
publié par le livre de poche
496 pages

Historique

Flatliners (l’expérience interdite) sort en 90, les thanatonautes en 94. Alors bon, Je veux bien croire M Werber quand il dit en avoir écrit une partie en écriture automatique. Surtout si c’est peu de temps après avoir vu le film.

OK, vous allez dire que je suis encore mauvaise langue, mais avouez que la coïncidence interroge. Essayons de laisser cela de côté. De toute façon, c’est du passé. Parlons uniquement des thanatonautes.

Résumé des Thanatonautes

Le président Lucinder échappe de peu à la mort et fait une expérience de mort imminente. Il s’approche des portes de la mort et ressort fasciné de ce voyage. Il décide de monter un comité de scientifiques responsable d’explorer ce domaine inconnu et de percer les secrets de la mort et de ce qui se trouve après.

Cette quête inédite cause beaucoup de décès et déclenche les foudres de différents groupes conservateurs, mais n’est pas sans succès. Les experts mettent au point un procédé pour plonger un Thanatonaute dans le coma et le faire voyager dans l’au-delà.

La maquette du livre

Les Thanatonautes n’est pas séparé en chapitres, mais suit une alternance de paragraphes et de points de vue.
L’alternance se compose du point de vue du personnage principal, de paragraphes de livres d’histoire du futur (qui sont incohérents avec la fin du livre), des passages à propos de la mort tirés de toutes les mythologies ayant existé et de passage à propos de mise en garde d’un service de police. Ce dernier est le point de vue extérieur qui sert à maintenir un certain suspense.

Des listes en veux-tu en voilà, des listes pour tout. À la moindre occasion, l’auteur ne se contente pas d’un exemple, mais de pages entières, qu’on saute sans remords.

Mon avis sur les Thanatonautes

On se laisse emporter par le début. Le pitch est bien tenu. On découvre des personnages pas toujours moralement en accord avec leur fonction de « tueurs sur commande ». Ils vivent des désillusions, des victoires et des embuches surprenantes et insoupçonnables.

Pourtant, comme prévu avec un livre de 500 pages, on n’échappe pas au travers de la longueur du texte. Les phases d’exploration sont très répétitives et ce qui était un exploit au début du livre se fait en un claquement de doigts au bout de quelques mois. C’est l’expérience. À partir du milieu du livre, on commence à basculer du roman fantastique dans un récit aux teintes ésotériques confondues avec un réel dystopique un peu farfelu. Non contents d’explorer la mort par une décorporation, les experts invitent des astrophysiciens pour savoir où vont les âmes concrètement. Et ils le découvrent… S’en suit une confusion étrange. Nous suivons la progression de la recherche initiale sur l’exploration du continent de la mort pour les âmes, qu’on pourrait associer à une zone dans une autre dimension accessible uniquement par l’âme. En parallèle, nous suivons, grâce à des détecteurs d’âmes, le voyage physique de l’âme aux confins de l’univers. Ce mélange des genres a tendance à perdre le lecteur. Ça n’a déjà plus ni queue ni tête. On est plus dans le fantastique, mais pas vraiment dans la science-fiction.

Bernard Werber fait feu de tout bois :

« Gabriel, le grand archange, est la projection du diable lui-même et vice-versa. Aux trois archanges correspondent trois grands princes démons : Belzébuth, Shaïtan et Yog Sottoth, le chaos rampant décrit dans l’apocalypse »

La signature de Bernard Werber

Je connais un peu les penchants « spirituels » de B.Weber et avec les Thanatonautes je m’attendais un peu à ce que ça parte dans tous les sens. Ce livre a été un ascenseur émotionnel. D’abord, j’ai été conquis par le style (et les références à Lovecraft) et au roman fantastique que je lisais. La suite a été beaucoup moins drôle avec son déversement de croyances étranges qui tendent vers le développement personnel bien pensant.

Une question existentielle sans réponse

Les Thanatonautes (explorateurs de la contrée des morts) découvrent que toutes les âmes vont au même endroit. Par un voyage initiatique, elles découvrent chacune des références en accord avec leurs croyances (c’est bien foutu hein), et elles arrivent toutes au même paradis.

Hahaaa, alors c’est bien joli, ça, je ne sais pas pour vous, mais pour moi, un seul paradis implique une seule religion… par conséquent un seul Dieu (ou une seule force créatrice qu’on appelle communément Dieu).

On a droit à toute une partie concernant les guerres de religion au pays des morts. Les Thanatonautes se déchirent pour privatiser le paradis. C’est très détaillé. L’auteur identifie de très nombreux groupes religieux qui créent des alliances opportunistes pour se livrer des guerres.
Alors pourquoi à aucun moment cette question essentielle du paradis unique n’est-elle évoquée ?

J’ai l’impression que pour B. Werber c’est implicite. Tous les paragraphes où il livre les pensées des différentes religions relatent finalement la même chose avec des mots différents. C’est peut-être la pensée profonde du livre. Un dieu, un paradis, la veineté des guerres faites par des hommes qui ne savent pas pourquoi ni pour qui ils se battent.

La fin des Thanatonautes sans spoil

On arrive au point qui fâche. Mais qui fâche vraiment :

« Maintenant, je sais. De l’autre côté de la mort il y a… »

Et voilà, tu as lu 500 pages pour rien, démerde-toi avec ça.
Alors merci monsieur Werber, mais non. Ça s’appelle du foutage de gueule et c’est inadmissible.
Peut-être qu’une partie du lectorat aura hâte de se précipiter sur le Tome 2, puisqu’après quelques recherches, j’ai compris que ce livre était en deux parties. Pour ma part, je me suis fait avoir une fois. Je ne suis pas masochiste et ne me ferai pas prendre une seconde. Merci, au revoir.

Le mot de la fin

Ce livre est encore une fois la preuve que 500 pages, c’est trop. Beaucoup trop pour rester constant sur la distance.
On se perd dans les voyages. On se perd dans le thème et on emmène le lecteur là où il n’a pas envie d’aller, où il n’a pas payé pour se rendre. C’est un peu une tromperie. Comme si on vous tend une magnifique glace blanche en vous promettant implicitement de la vanille et que sous la fine couche de ce parfum, vous vous apercevez qu’on vous a refilé de la noix de coco. Non merci.

Citations du livre

« Le monde se divise en deux catégories de gens : ceux qui lisent des livres et ceux qui écoutent ceux qui ont lu des livres. »

« Des écrivains incapables d’inventer un monde ne peuvent que décrire leur monde, si pauvre soit-il. »

« Décris sur dix longues pages tes malheurs avec un furoncle et tu auras de bonnes chances de remporter le Goncourt. »