Sacha-Guitry-table
5 étoiles

L'esprit, Sacha Guitry

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L’esprit, essais et nouvelles
253 pages
Édité par Le Livre Contemporain
dépôt légal 1958

Extraits de « L’esprit »

Impossible de faire un résumé de « L’esprit » qui traite de beaucoup de sujets différents. La préoccupation récurrente à chaque texte est l’être humain et sa perception par ses contemporains.

« Tout vers, toute phrase qui a besoin d’une explication, ne mérite pas qu’on l’explique. »
Voltaire

Aveu de la marquise de Saint-Pierre qui parlait devant des amis, du maréchal de Richelieu :

« Je sais une femme qu’il aimait à ce point qu’il fit deux cents lieues pour venir la rejoindre. À peine entré chez elle, il la porta sur le lit avec une violence incroyable… et nous y sommes restés trois jours ! »

« J’ai une mémoire admirable… J’oublie tout. »
Jules renard

« Ah ! Voyez-vous qu’un jour la chose soit admise et que l’autorisation nous soit donnée à tous d’écrire ce que nous pensons ! Quel bouleversement, mon Dieu ! Mais la première émotion passée, les premières timidités vaincues, quelle joie délirante et quelle ivresse ! Ah ! Si tout à coup la franchise et la bonne foi étaient reconnues d’utilité publique – quel rêve ! Mais quel beau rêve ! … Oui, nous devrions tous, un beau matin, nous mettre courageusement à écrire ce que nous pensons de la vie en général, des événements en particulier… Il faudrait bien entendu le faire sans méchanceté, sans haine, sans parti pris, sans fausse modestie, sans fausse honte, sans ostentation et sans but que celui d’être franc. Ce serait une façon, non pas de faire mieux connaître nos contemporains, mais bien plutôt de nous connaître nous-même. »
Sacha Guitry dans « soyons sincères ».

– Alors oui, M.Guitry, mais non. Car nous avons inventé l’anonymat sur internet et l’honnêteté s’est envolée. –

Sacha Guitry parle avec G. Clémenceau :
— Où vous trouviez-vous quand vous avez appris que l’Allemagne demandait l’armistice ?
— Dans mon bureau, au ministère de la guerre.
— Comment l’avez-vous appris ? Verbalement ?
— Non, par une dépêche.
— Qu’est-ce que vous avez dit ?
— Rien.
— Qu’est-ce que vous avez fait ?
Il me regarde. Il hésite – et il me fait l’honneur de me confier :
— J’ai pris ma tête dans mes mains… comme ça… et j’ai pleuré.

Mon avis

Je ne connaissais de Sacha Guitry que ses citations et traits d’esprit acides et souvent un peu misogynes. Je m’étais fait une fausse idée de lui. C’est un homme visiblement attaché à son prochain et capable d’amour et de reconnaissance. À aucun moment, dans ce livre il ne parle en mal d’une personne, ou alors il s’agit d’un critique et c’est pour mieux mettre en valeur la personne dont il fait l’éloge.

Toute la partie sur ses visites à Clémenceau est vraiment poignante. L’hommage à Mozart est fabuleux. On apprend à travers ces textes à découvrir des personnages sous un nouveau jour. Il apporte un éclairage intime sur ceux qui lui font l’honneur de lui accorder son amitié, comme il le dit. On découvre ainsi Monet, Rodin, Mirabeau, Allais et Renard. La mort revient régulièrement dans ces textes. Guitry remarque le manque de reconnaissance que la France accorde à ces personnages de leur vivant, comme si, admirer un artiste quelque soit son domaine était une marque de faiblesse. Surtout pour ceux qui font rire.

Que retenir de « L’esprit » ?

Excellent livre. Encore un qui m’est tombé dans les mains d’une boite à livre au hasard d’une promenade avec le chien. On passe un très bon moment en se penchant à travers cette fenêtre sur l’histoire.